À l'occasion d'un discours prononcé aux Nations unies, le directeur général de l'AIEA, Mohamed el-Baradei, a une nouvelle fois sommé l'Iran de répondre rapidement à sa proposition d'échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible.
AFP - Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei a de nouveau exhorté lundi l'Iran à répondre rapidement à sa proposition sur le nucléaire, dans un discours aux Nations unies.
"Plusieurs questions ou affirmations sur la nature du programme (nucléaire) iranien restent en suspens, et doivent être clarifiées par l'Iran par la transparence et la coopération avec l'Agence", a expliqué M. ElBaradei.
"Répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur les intentions futures de l'Iran est d'abord une question d'établir la confiance, ce qui ne peut être atteint que via un dialogue", a plaidé le chef de l'agence onusienne.
"En conséquence, j'exhorte l'Iran à être aussi ouvert que possible pour répondre rapidement à ma récente proposition, fondée sur l'initiative des Etats-Unis, de la Russie et de la France, qui vise à engager l'Iran dans une série de mesures qui pourraient établir la confiance et ouvrir la voie à un dialogue complet et substantiel entre l'Iran et la communauté internationale", a encore dit le diplomate égyptien.
"La question est celle de garanties mutuelles entre les parties", a remarqué M. ElBaradei, qui prononçait un discours sur son dernier rapport à l'Assemblée générale des Nations unies avant de quitter un poste qu'il aura occupé pendant 12 ans. Il sera remplacé en décembre par le Japonais Yukiya Amano.
"Je dois toutefois ajouter que l'établissement de la confiance est un processus graduel, qui demande à ce que l'on se concentre sur l'ensemble de la situation, et d'être prêt à prendre des risques pour la paix", a remarqué M. ElBaradei.
Pour apaiser les inquiétudes sur le nucléaire iranien, soupçonné d'avoir un objectif militaire, l'AIEA a proposé le 21 octobre un accord aux termes duquel l'Iran ferait enrichir à l'étranger son uranium faiblement enrichi afin d'obtenir du combustible pour son réacteur de recherche.
Les trois négociateurs --Etats-Unis, Russie, France-- de ce projet d'accord l'ont accepté mais Téhéran ne l'a encore ni approuvé ni rejeté.
Selon des diplomates occidentaux, le projet initial de l'AIEA prévoit que l'Iran livre d'ici à la fin 2009 1.200 de ses 1.500 kilos d'uranium faiblement enrichis (à moins de 5%) pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des "coeurs nucléaires" pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.
Téhéran a demandé la poursuite des négociations avec la Russie, les Etats-Unis et la France, pour arriver à un accord, mais Washington et Paris ont déclaré qu'ils attendaient une "réponse formelle" de Téhéran au projet présenté par M. ElBaradei.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a déclaré lundi que les puissances engagées dans les négociations n'accepteraient pas de manoeuvre "dilatoire" de l'Iran.