Le moral des cadres connaît ce mois-ci une nouvelle progression : l’indice synthétique est une hausse de quatre points par rapport au mois dernier. Cette progression s’explique surtout par un regain de motivation perçue.
Les interviews utilisées pour ce sondage ont été effectuées du 16 au 21 octobre 2009, par téléphone, sur un échantillon de 406 personnes représentatif de la population des cadres résidant en France métropolitaine. La représentativité est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, statut d’activité (salarié du secteur public ou du secteur privé). Sondage Viavoice réalisé pour HEC, Le Figaro Réussir, L’Express Réussir, France Inter et France 24.
Analyse de François Miquet-Marty, Viavoice
Où va l’économie française ? Les scénarios de « sortie de crise », qui avaient fait florès au premier semestre, sont aujourd’hui moins nombreux. Et les cadres, aux avant-postes de l’économie, portent eux-mêmes ces indécisions. Concrètement cette nouvelle livraison du baromètre mensuel réalisé par Viavoice révèle à la fois que :
- Le « moral » des cadres connaît une nouvelle embellie, mais qui paradoxalement se nourrit d’inquiétudes ;
- Cette amélioration s’inscrit au sein d’une série d’oscillations ;
- Pour l’avenir, les cadres sont partagés quant au devenir de la crise concernant leur propre société.
Une amélioration du « moral des cadres », laquelle repose en réalité sur des inquiétudes
Le « moral des cadres » connaît ce mois-ci une nouvelle progression : l’indice synthétique s’établit à -30, soit une hausse de quatre points par rapport aux données enregistrées le mois dernier.
Cette progression s’explique essentiellement par un regain de motivation perçue : 62 % des cadres estiment que leurs « collaborateurs sont actuellement motivés », résultat en hausse de 6 points par rapport aux données précédentes ; ce score est particulièrement important à souligner, car il est le plus élevé jamais enregistré depuis la création du baromètre, il y a près de six ans. Aujourd’hui, au coeur de la crise, cette motivation est difficile à expliquer par l’embellie des perspectives économiques (macro-économiques ou personnelles), lesquelles demeurent très faibles. Il paraît plus pertinent d’expliquer au contraire ces regains de motivation par la persistance des
inquiétudes pour l’avenir, lesquelles conduisent les cadres et leur entourage à s’impliquer au maximum pour le succès ou l’existence de leurs sociétés.
Une amélioration qui s’inscrit au sein d’une série d’oscillations
Qui plus est, cette amélioration s’inscrit en réalité dans une série de variations, à l’oeuvre depuis le printemps : en mai, l’indice synthétique était fixé à -36 ; il a progressé fin août à -30 ; il est retombé fin septembre à -34, avant de s’établir désormais à -30.
Statistiquement, de telles oscillations précèdent souvent des progressions fortes ou, au contraire, des diminutions importantes. Elles sont le reflet des incertitudes de l’opinion, lesquelles, une fois ces turbulences surmontées, s’établit sur une dynamique à la hausse ou à la baisse.
Des cadres partagés sur le devenir de la crise dans leur entreprise
Enfin, concernant le devenir de la crise économique au sein même de leur entreprise, les cadres français se révèlent très partagés :
- 50 % des cadres estiment que dans leur entreprise, là où ils travaillent, « l’essentiel de la crise économique reste à venir » ; ces inquiétudes sont particulièrement importantes dans le secteur industriel, et émanent en priorité de cadres travaillant au sein de PME.
- A l’inverse, 36 % considèrent que « l’essentiel de la crise est passé », et 8 % que leur entreprise a été épargnée par la crise.
Néanmoins de manière générale, cette période de turbulences ne met pas en cause l’attitude du management face à la crise :
- Les trois quarts (74 %) des cadres estiment que, dans leur entreprise, là où ils travaillent, « le management a bien réagi face à la crise économique et financière » ;
- Les deux tiers (68 %) estiment que « le management porte une vraie vision de l’avenir » de leur entreprise.
La période que nous vivons aujourd’hui est caractéristique d’un entre-deux qui ignore, pour l’instant, les scénarios de reprise économique pour demain. Les analyses du Gouverneur de la Banque de France, médiatisées peu de temps avant la réalisation de notre enquête (13 octobre), en offrent une illustration : Christian Noyer estime que les perspectives de reprise ne seront pas
véritablement crédibles tant que se poursuivra l’augmentation du chômage (laquelle grève la consommation des ménages), et tant que les réformes structurelles du système financier n’auront pas été engagées.
Pour les dirigeants d’entreprise, ce temps de turbulences est particulièrement pénalisant car il contrevient aux décisions d’investissement et de recrutement. Il contribue à maintenir, à lui seul, la France dans la crise.