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À Los Angeles, une juge fédérale ordonne d'arrêter les contrôles au faciès
Une juge fédérale a ordonné vendredi à l'administration Trump de faire le nécessaire pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles en interdisant notamment à la police de l'immigration des arrestations sur la base de l’origine ethnique ou de la langue parlée. 
Des agents de l’immigration lors d’un raid dans le quartier à majorité hispanique de Bell dans le sud de Los Angeles, le 20 juin 2025. © Etienne Laurent, AFP

Une juge fédérale a ordonné vendredi 11 juillet à l'administration Trump de prendre des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles, lors des arrestations musclées de migrants qui se multiplient depuis un mois autour de la mégapole californienne.

Elle donne ainsi raison à plusieurs migrants et deux citoyens américains, et aux associations qui les ont aidés à porter plainte début juillet. Ils estimaient avoir été victimes de contrôles au faciès et dénonçaient également des obstructions pour avoir accès à un avocat en détention.

"Ce que le gouvernement fédéral voudrait faire croire à cette cour - malgré la montagne de preuves présentées dans cette affaire - c'est que rien de tout cela ne se produit réellement", a dénoncé la magistrate, Maame Ewusi-Mensah Frimpong.

Sa décision, qui s'applique à Los Angeles et dans six autres comtés de Californie, interdit à la police de l'immigration de procéder à des arrestations sans motif valable sur la base de quatre facteurs, seuls ou combinés : l'origine ethnique, le fait de parler espagnol ou anglais avec un accent étranger, le métier d'un individu ou le fait qu'il se trouve dans un lieu particulier - comme un arrêt de bus, un lavage auto, une ferme ou un magasin de bricolage.

L'intensification des descentes de la police de l'immigration dans ce genre de lieux, dans des zones connues pour être fréquentées par des latino-américains, fait polémique depuis début juin à Los Angeles.

Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a salué une décision qui "met un terme temporaire aux violations des droits des personnes et au profilage racial par les fonctionnaires fédéraux de l'immigration."

"Le programme de Stephen Miller (l'architecte de la politique antimigrants de Donald Trump, ndlr) en matière d'immigration est un programme de chaos, de cruauté et de peur. (...) Cela doit cesser maintenant", a ajouté Gavin Newsom dans son communiqué.

Appel probable

Une grande partie de la communauté latino se sent injustement visée et des manifestations ont eu lieu le mois dernier, dégénérant parfois en violences.

L'administration Trump n'a pas encore annoncé ses intentions, mais un appel de cette décision semble hautement probable.

Quelques heures avant cette décision, le responsable de la politique d'expulsions massives ordonnée par Donald Trump, Tom Homan, a défendu l'usage de l'apparence physique comme critère pouvant motiver une arrestation.

Les agents fédéraux "n'ont pas besoin d'un motif valable pour aborder quelqu'un, le placer brièvement en détention et l'interroger. Ils ont juste besoin d'un faisceau de circonstances", a-t-il fait valoir sur Fox News.

Ces éléments peuvent être "basés sur l'endroit" de l'interpellation, "le métier" de la personne, "son apparence physique, ses actions", a-t-il ajouté, en donnant l'exemple d'une personne qui se mettrait à courir à la vue d'agents en uniforme à la sortie d'un magasin de bricolage.

Le climat continue d'être tendu autour de Los Angeles, mégapole démocrate érigée en contre-exemple par l'administration Trump.

Des milliers de soldats de la Garde nationale sont toujours déployés, les opérations anti-migrants y sont quotidiennes et le gouvernement conteste en justice son statut de "ville sanctuaire", qui limite la coopération des forces de l'ordre locales avec la police de l'immigration.

Vendredi, un ouvrier agricole est décédé des suites de ses blessures, après des affrontements lors une opération antimigrants la veille, dans une ferme de cannabis légale de cannabis du comté voisin de Ventura.

Avec AFP