Alors que le dossier de l'Irlande du Nord empoisonne les relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, le président Emmanuel Macron a proposé, samedi, au Premier ministre Boris Johnson de relancer le dialogue franco-britannique si les accords sur le Brexit sont respectés. Un message appuyé par l'Union européenne.
Coup de froid sur le G7: les remontrances des Européens à Boris Johnson et du président Emmanuel Macron sur le Brexit ont mis à mal, samedi 12 juin, l'image de bonne entente affichée par les dirigeants des grandes puissances pour leur premier sommet en près de deux ans.
Comme souvent pendant les cinq ans écoulés depuis le référendum sur la sortie de l'Union européenne, les échanges ont tourné au dialogue de sourds concernant le respect par Londres des engagements post-Brexit en Irlande du Nord.
Au cœur d'un différend entre les anciens partenaires, les dispositions commerciales spécifiques à l'Irlande du Nord imposent davantage de contrôles et de bureaucratie sur les échanges entre la Grande-Bretagne et la province britannique, de l'autre côté de la mer d'Irlande.
Au point, selon Londres, de compromettre l'approvisionnement des Nord-Irlandais en saucisses anglaises et de menacer l'intégrité et la souveraineté du Royaume-Uni.
Les accusations lancées contre le Premier ministre britannique sur le respect de sa parole font de l'ombre au sommet du G7, où les dirigeants réunis veulent montrer un front uni attaché au multilatéralisme.
Après une rencontre, samedi, avec Boris Johnson en marge du sommet, Emmanuel Macron s'est dit "prêt" à une relance des relations franco-britanniques, a indiqué l'Élysée. Mais le président français a "souligné que ce réengagement imposait que les Britanniques respectent la parole donnée aux Européens et le cadre défini par les accords Brexit".
"Les deux côtés doivent appliquer ce sur quoi nous nous sommes mis d'accord. L'unité de l'UE à ce sujet est totale", ont abondé sur Twitter Ursula von der Leyen et Charles Michel, les dirigeants de la Commission et du Conseil européens, estimant que les mesures adoptées pour l'Irlande du Nord permettaient de "préserver" la paix dans la province en évitant le retour d'une frontière dure avec la république d'Irlande voisine, membre de l'UE.
The Good Friday Agreement & peace on the island of Ireland are paramount.
We negotiated a Protocol that preserves this, signed & ratified by ????????????????
We want the best possible relations with the UK.
Both sides must implement what we agreed on.
There is complete EU unity on this. pic.twitter.com/SjMVsEaWYA
Depuis le Brexit, le dossier de l'Irlande du Nord et des dispositions commerciales âprement négociées dans le cadre de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, empoisonne les relations entre les deux parties.
En maintenant de fait le territoire dans l'union douanière et le marché unique européens, et en perturbant les approvisionnements, ces mesures sont aussi une source de tensions dans la province britannique, provoquant même de violents heurts, début avril, que certains craignent de voir se répéter lors des marches orangistes en juillet.
Jeudi soir, 3 000 personnes ont manifesté à Belfast en dépit des règles sanitaires contre le coronavirus, selon la police locale.
"Pragmatisme et compromis"
Ces derniers jours, les crispations se sont cristallisées sur les importations de viande réfrigérée, qualifiée par la presse britannique de "guerre de la saucisse", à l'approche, fin juin, de l'arrivée à échéance d'une période de grâce pour les contrôles.
En marge du G7, Boris Johnson a appelé les Européens à faire preuve "de pragmatisme et de compromis" sur le protocole nord-irlandais, a indiqué Downing Street à l'issue de ces entretiens bilatéraux.
Il s'est dit favorable à la recherche de "solutions pratiques" dans le cadre du protocole afin de "minimiser" son impact sur la vie quotidienne des Nord-Irlandais, tout en préservant l'accord de paix du Vendredi saint.
Celui-ci a été conclu en 1998 pour mettre fin à trois décennies de violences sanglantes entre partisans (unionistes) et opposants (républicains) au maintien dans la couronne britannique.
Londres accuse Bruxelles d'adopter une "approche trop puriste" quant à l'application des dispositions douanières. Face à ces tentatives d'assouplir les règles unilatéralement, l'UE a signifié qu'elle n'hésiterait pas à prendre des mesures de rétorsion, comme des droits de douanes ciblés.
Des discussions se sont déjà tenues à Londres mercredi, sans permettre d'avancée.
Soulignant que le G7 n'était pas forcément l'endroit pour aboutir à une "solution immédiate", le porte-parole de Boris Johnson avait indiqué, vendredi, que "toutes les options sont sur la table" pour préserver l'intégrité du Royaume-Uni.
N'excluant pas, à demi-mot, l'extension unilatérale de cette période de grâce, comme le gouvernement l'avait déjà fait au printemps pour les importations agroalimentaires, irritant les Européens qui ont déclenché une procédure d'infraction.
Fier de ses racines irlandaises, le président américain Joe Biden a également réaffirmé son attachement au protocole, garant selon lui de la paix.
Avec AFP