logo

Iran : un premier débat présidentiel marqué par des accusations sur l'économie

Les sept candidats à l'élection présidentielle iranienne ont participé, samedi, au premier débat télévisé à deux semaines du scrutin. Un échange marqué notamment par des accusations entre réformateurs et ultraconservateurs sur la situation économique de l'Iran.

Le premier débat télévisé en direct entre les candidats à la présidentielle de juin en Iran a été marqué, samedi 5 juin, par un échange d'accusations entre réformateurs et ultraconservateurs qui se sont renvoyés la responsabilité de la crise économique dans le pays.

Après l'invalidation des candidatures de plusieurs personnalités, seuls sept candidats restent en lice parmi lesquels cinq ultraconservateurs et deux réformateurs sans envergure nationale, dont Abdolnasser Hemmati, l'ancien gouverneur de la Banque centrale iranienne.

"Les deux candidats modérés ont directement attaqué Ebrahim Raïssi, l'actuel chef de la Justice, un ultraconservateur perçu comme le candidat du pouvoir pour cette élection. Ils l'ont accusé d'être incompétent et de n'avoir pas les connaissances nécessaires en matière économique pour améliorer la situation économique et la vie quotidienne des Iraniens", raconte Siavosh Ghazi, correspondant de France 24 à Téhéran.

La politique étrangère de l'Iran s'est également invitée dans le débat. Attaquant les candidats ultraconservateurs, Abdolnasser Hemmati leur a reproché de saper les relations internationales de l'Iran, empêchant le pays de profiter de l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et la communauté internationale.

De leur côté, les candidats ultraconservateurs ont exhorté l'ancien gouverneur de la Banque centrale à assumer la responsabilité de la crise, lui reprochant de défendre le bilan économique du gouvernement.

Ebrahim Raïssi favori pour le scrutin présidentiel

"Seul Ebrahim Raïssi s'est refusé à entrer dans des attaques, en affirmant qu'il était là pour améliorer la situation des Iraniens", commente Siavosh Ghazi. Le chef de l'Autorité judiciaire fait figure de favori pour la présidentielle, bénéficiant de l'invalidation de la candidature de plusieurs personnalités qui auraient pu lui faire de l'ombre.

Citant de "nombreux sondages", Ebrahim Raïssi a jugé lors du débat que "l'une des préoccupations de la population" était "la malhonnêteté de certains responsables" du gouvernement. Il a aussi fait part de son inquiétude sur l'inflation, "l'un des graves problèmes auxquels les gens sont confrontés aujourd'hui". "Les prix des produits de base ont considérablement augmenté", a-t-il ajouté.

Les Iraniens sont appelés aux urnes le 18 juin pour élire un successeur au président Hassan Rohani, dont la politique d'ouverture a échoué avec la dénonciation par les États-Unis en 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.

L'atmosphère dans le pays est celle d'un mécontentement général face à la grave crise économique et sociale provoquée par le rétablissement des sanctions américaines ayant suivi la sortie des États-Unis de cet accord.

En février 2020, les législatives avaient été marquées par une abstention record (57 %) sur fond d'invalidation massive de candidats modérés et réformateurs, et les médias redoutent aussi pour ce scrutin un taux de participation peu élevé.

Les candidats doivent se retrouver pour deux autres débats télévisés prévus mardi et samedi prochains.

Avec AFP