logo

Les Syriens aux urnes, un scrutin acquis à Bachar al-Assad

Les Syriens ont voté, mercredi, dans les zones contrôlées par le régime. L'inamovible Bachar al-Assad semble assuré de remporter un quatrième mandat présidentiel.

Dans les régions sous contrôle du régime, les Syriens ont voté mercredi 26 mai pour une présidentielle sans suspense : le scrutin doit offrir un quatrième mandat de sept ans à Bachar al-Assad, à la tête d'un pays en plein marasme économique après une décennie de guerre.

Plus de 12 000 bureaux de vote ont été aménagés dans les zones gouvernementales, selon le ministère de l'Intérieur. Selon les registres, le pays compte officiellement un peu plus de 18 millions d'électeurs. Mais avec la guerre qui a morcelé le pays et des millions de réfugiés à l'étranger, le nombre de votants sera en réalité plus bas. Par ailleurs, les régions autonomes kurdes du Nord-Est vont ignorer le scrutin, tout comme le dernier grand bastion jihadiste et rebelle d'Idleb (nord-ouest), qui abrite quelque trois millions d'habitants.

Le Haut comité chargé des élections, cité par les médias officiels, a annoncé qu'à minuit, heure locale, les bureaux de vote avaient fermé et que le décompte des voix avait commencé. Les résultats sont attendus dans les 48 heures. 

À l'université de Damas, les étudiants venus voter ont scandé les traditionnels slogans pro-Assad : "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Bachar", a constaté un correspondant de l'AFP.

L'homme de la reconstruction

Il s'agit de la deuxième élection présidentielle depuis le début, en 2011, d'une guerre impliquant une multitude de belligérants et des puissances étrangères. Né de la répression de manifestations prodémocratie, dans le contexte du Printemps arabe, ce conflit a fait plus de 388 000 morts et poussé à l'exil des millions de Syriens.

Les chancelleries occidentales ont déclaré n'accorder aucune légitimité au scrutin. "Nous exhortons la communauté internationale à rejeter sans ambiguïtés cette tentative du régime Assad pour retrouver une légitimité sans qu'il ne cesse ses graves violations des droits humains", ont indiqué les ministres des Affaires étrangères américain, allemand, britannique, français et italien.

Votant dans un ancien bastion rebelle reconquis en 2018, le président a balayé ces critiques. "La valeur de vos opinions est nulle", a-t-il répliqué.

Depuis plusieurs semaines, les portraits du dirigeant de 55 ans sont visibles sur toutes les places. Dans un pays à l'économie en lambeaux et aux infrastructures en ruines, Bachar al-Assad se présente comme l'homme de la reconstruction, après avoir sauvé son régime grâce à l'appui de la Russie et de l'Iran, ses alliés indéfectibles.

Face à lui, deux candidats inconnus du grand public et considérés comme des faire-valoir : l'ex-ministre et parlementaire Abdallah Salloum Abdallah et un membre de l'opposition tolérée par le pouvoir, Mahmoud Mareï.

"Je ne connais pas les autres candidats, je respecte leur candidature, mais mon vote va au président Bachar al-Assad" a déclaré à l'AFP l'étudiant Kinan al-Khatib, 26 ans. "C'est le seul homme qui a tenu bon durant dix années de guerre".

Marasme économique

La loi électorale impose aux candidats d'avoir vécu en Syrie dix ans consécutifs avant le scrutin, ce qui exclut de facto les figures de l'opposition en exil, très affaiblie.

Propulsé au pouvoir en 2000, Bachar al-Assad a remplacé son père Hafez, décédé après 30 années d'un règne sans partage.

Cette présidentielle était la première élection faisant concourir plusieurs candidats. Auparavant, Bachar et son père Hafez étaient désignés par des référendums, où bien souvent le oui l'emportait à plus de 97% des voix.

En 2014, Bachar al-Assad avait obtenu plus de 88% des voix selon les résultats officiels. Le taux de participation dépassait les 73%.

Si les combats ont aujourd'hui baissé en intensité, l'élection de 2021 intervient en plein marasme économique, avec une dépréciation historique de la monnaie, une inflation galopante, et plus de 80% de la population vivant dans la pauvreté selon l'ONU.

Avec AFP