L'accord temporaire entre Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour surveiller le programme nucléaire iranien a été prolongé lundi jusqu'au 24 juin. Un sursis salué par les diplomates qui travaillent à sauver l'accord de Vienne de 2015.
L'AIEA a prolongé lundi 24 mai d'un mois la "solution temporaire" trouvée avec l'Iran pour surveiller son programme nucléaire, une extension qui offre un sursis aux grandes puissances négociant à Vienne pour sauver l'accord international de 2015.
"Bonne nouvelle", a tweeté le diplomate européen Enrique Mora, qui conduit les discussions. "Cela nous donne un peu plus de marge de manœuvre pour parvenir à un résultat. Nous reprenons demain (mardi)."
La Russie a également loué cette étape par la voix de son ambassadeur, Mikhaïl Oulianov, tout comme les États-Unis. "En route vers Vienne pour une cinquième session", a commenté l'émissaire américain Rob Malley, toujours sur le réseau Twitter, soulignant qu'il restait "beaucoup de travail".
"Les activités de surveillance et de vérification vont se poursuivre dans le cadre actuel pour un mois", avait déclaré un peu plus tôt le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafaël Grossi, au siège de l'organisation à Vienne.
L'Iran avait restreint en février l'accès des inspecteurs à certains sites, et refuse depuis cette date de fournir en temps réel les enregistrements de caméras et autres outils dans les installations nucléaires. L'AIEA avait à l'époque négocié un compromis avec Téhéran pour garantir un degré nécessaire de surveillance, accord qui reste donc en vigueur jusqu'au 24 juin.
"Pas idéal"
"Les équipements continuent à être sous la garde de l'Agence", a expliqué Rafaël Grossi. "Les données ne seront pas effacées, c'est un aspect important". L'Iran s'est engagé à les transmettre dès la levée des sanctions américaines.
D'ici là, les informations "demeurent en possession de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) et ne seront pas transférées à l'AIEA", a prévenu Kazem Gharibabadi, l'ambassadeur d'Iran auprès du gendarme onusien du nucléaire, selon des propos cités par l'agence officielle Irna.
"Ce n'est pas idéal", a reconnu le chef de l'AIEA. "C'est une mesure d'urgence, (...) un remède palliatif pour éviter de naviguer complètement à l'aveugle".
De son côté, Kazem Gharibabadi a appelé les pays participant aux pourparlers qui ont démarré début avril dans la capitale autrichienne, à "saisir cette occasion" pour accélérer la cadence.
Objectif : faire revenir Washington dans le giron du "plan d'action global commun" (JCPOA, selon son acronyme anglais) et annuler les sanctions américaines, en échange d'un retour au strict respect par Téhéran de ses obligations nucléaires. L'accord de 2015, destiné à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, est en effet moribond depuis le retrait des États-Unis en 2018 et le rétablissement par Donald Trump des mesures punitives.
Les doutes de Blinken
Les diplomates vont désormais s'atteler à surmonter les divergences persistantes entre les États-Unis et l'Iran, qui négocient indirectement par l'entremise des Européens.
Les autres protagonistes (Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont fait état la semaine dernière de "progrès tangibles", estimant qu'un accord "prenait forme". Ils évoquent une ambiance "constructive" après des débuts perturbés par une explosion dans l'usine d'enrichissement de Natanz (centre), attribuée par l'Iran à Israël.
Dans la foulée, la République islamique avait annoncé porter le taux d'enrichissement d'uranium de 20 % à 60 %, se rapprochant ainsi des 90 % nécessaires à une utilisation militaire, tout en réaffirmant que ses ambitions étaient exclusivement "pacifiques".
Si tous espèrent aboutir avant l'élection présidentielle du 18 juin en Iran, les États-Unis ont tempéré dimanche l'optimisme. Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a déclaré que les États-Unis n'avaient à ses yeux "pas encore de réponse" à la question de "savoir si l'Iran (...) était prêt à faire le nécessaire pour se conformer de nouveau à l'accord".
Les discussions "peuvent facilement donner des résultats si une décision politique est prise à Washington", a répliqué le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.
Avec AFP