Au terme d'une nuit de négociations, les dirigeants de l'Union européenne ont fixé à 100 milliards d'euros par an d'ici 2020 l'objectif mondial d'aide aux pays pauvres pour le changement climatique, mais n'a pas chiffré le montant de sa contribution.
AFP- L'UE veut fixer à 100 milliards d'euros par an d'ici 2020 l'objectif mondial d'aide aux pays pauvres à la conférence de Copenhague sur le changement climatique, mais refuse de chiffrer tout de suite sa propre contribution, selon un projet d'accord.
Ce projet de compromis final du sommet des dirigeants européens à Bruxelles, dont l'AFP a obtenu copie, a été rédigé à l'issue d'une nuit de négociations au niveau des experts. Il devait encore être discuté dans la matinée.
Les chefs d'Etat et de gouvernement européens reprennent pour la première fois clairement à leur compte une estimation déjà réalisée par la Commission européenne, selon laquelle le besoin d'aide pour les pays pauvres "pourrait s'élever à quelque 100 milliards d'euros par an d'ici 2020".
L'UE se dit "prête à assumer sa part de l'effort mondial", mais ne précise pas jusqu'à quel montant elle est prête à aller elle-même. Car le sujet divise encore les Etats membres.
Cette aide est devenue un enjeu majeur des négociations mondiales sur la protection du climat et un sujet de discorde depuis des mois entre Européens.
Le financement des actions d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement sera un point clé du prochain sommet mondial des Nations unies sur le sujet qui s'ouvre à Copenhague le 7 décembre.
Le projet d'accord européen précise qu'"on estime" entre 22 et 50 milliards d'euros par an la part des financements publics internationaux (sur le total de 100 milliards d'euros), le reste devant être financé par le marché international du carbone, et les efforts propres des pays en voie de développement.
Le texte se contente de "prendre acte" de l'estimation de la Commission européenne selon laquelle entre 5 et 7 milliards d'euros par an doivent être accordés aux pays en voie de développement pour la période allant de 2010 à 2013. Et il précise prudemment qu'un chiffre "sera fixé en fonction des résultats de la conférence de Copenhague".
Plusieurs pays, dont la présidence suédoise et les Danois notamment, qui accueilleront le sommet de Copenhague, souhaitaient chiffrer immédiatement le montant de la contribution européenne.
"Même si certains préfèrent attendre pour des raisons tactiques ou garder leurs réserves dans la poche, l'heure est venue pour l'UE de mettre de l'argent sur la table", a déclaré le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen.
Mais l'Allemagne, la France et l'Italie ont refusé un tel chiffrage, jugeant qu'il était trop tôt pour le faire, sans connaître les engagements des Etats-Unis et des grands pays émergents. Un sommet Etats-Unis/UE est prévu mardi à Washington.
La Pologne et huit autres nouveaux membres d'Europe de l'Est s'opposaient pour leur part à une contribution européenne essentiellement fondée sur les émissions de CO2. Ce qui les pénaliserait.
Pour les rassurer, une déclaration séparée interne se borne à préciser que "les contributions des Etats membres de l'UE devraient tenir compte de la capacité contributive des Etats membres les moins prospères, au moyen d'un mécanisme d'ajustement interne".
"L'UE et les Etats membres qui le peuvent, en fonction de leur situation économique et financière respective, assumeront leur part" du financement de l'aide d'urgence des trois premières années, souligne le texte.