La crise politique continue en Colombie. Un appel à la grève nationale a été lancé pour le 12 mai, après l'échec, lundi, de la première réunion entre le mouvement de contestation et le président Ivan Duque.
Le principal collectif de la mobilisation sociale en Colombie a appelé à de nouvelles manifestations et grèves mercredi, après l'échec de sa première rencontre avec le président Ivan Duque, lundi 10 mai, pour désamorcer la crise aggravée par la répression policière.
"Nous appelons la population colombienne à une nouvelle journée de grève nationale le 12 mai", a déclaré Jennifer Pedraza, leader étudiante de ce Comité national de grève.
Pendant près de quatre heures, des représentants du collectif, qui rassemble syndicats, mouvement sociaux et universitaires, ont rencontré Ivan Duque au palais présidentiel, sans parvenir à un accord.
Selon le dernier bilan officiel, les violences qui ont marqué les manifestations initiées le 28 avril ont fait au moins 27 morts et des centaines de blessés. Les ONG locales Temblores et Indepaz dénoncent pour leur part 47 morts, "dont 39 pour violence policière".
"Nous demandons à ce que le droit constitutionnel à la manifestation pacifique soit respecté (...) et, au contraire, le discours d'Ivan Duque a été complaisant envers les usages excessifs de la force publique", a déploré Jennifer Pedraza.
Freiner la répression
Les représentants du comité ont souligné qu'en dépit de son offre de négociation, le gouvernement n'a pas pris en compte leur demande de freiner la répression, ce qui a empêché d'avancer sur d'autres revendications.
"Il n'y a eu aucune expression d'empathie envers les victimes de la violence exercée de manière disproportionnée contre les manifestants qui étaient pacifiques. Nous avons exigé qu'il soit mis fin au massacre, à la violence officielle et privée contre les personnes exerçant leur droit légitime à protester", a ajouté le président de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), Francisco Maltés.
De son côté, le Haut commissaire gouvernemental pour la paix, Miguel Ceballos, a assuré qu'il y a "zéro tolérance" envers les excès policiers, mais qu'il ne peut être permis "qu'en ce moment, la légitimité de (la) force publique soit mise en cause". "Le comportement de certains membres de la force publique, qui auraient porté atteinte à la Constitution et à la loi, fera l'objet d'une enquête et sera sanctionné", a-t-il déclaré.
Après les mobilisations massives de 2019 et 2020, le gouvernement de droite est confronté à une nouvelle crise sociale, provoquée par un projet de hausse des impôts visant à pallier l'impact économique de la pandémie. Ivan Duque a retiré le texte le 2 mai, mais la répression policière a accru la colère de la rue.
La Colombie traverse en outre sa 3e vague d'épidémie de Covid-19 et a franchi lundi le seuil des trois millions de cas, dont plus de 78 000 morts, pour 50 millions d'habitants.
Avec AFP