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L'exécutif colombien s'est dit prêt jeudi à écouter les revendications de "tous les secteurs" de la société, alors que les manifestants étaient dans la rue pour le 9e jour d'affilée contre le président conservateur Ivan Duque. Les heurts entre opposants et policiers ont fait plus d'une vingtaine de morts depuis le début de la mobilisation.

L'exécutif colombien tente l'apaisement. Le gouvernement a appelé, jeudi 6 mai, à un dialogue entre "tous les secteurs" de la société au neuvième jour de manifestations contre le président conservateur Ivan Duque, qui ont fait au moins 26 morts et des centaines de blessés.  

"Il faut écouter tous les secteurs du pays, mais le pays doit également écouter le gouvernement (...) cela comprend ceux qui manifestent, mais aussi ceux qui ne manifestent pas", a déclaré le conseiller présidentiel, Miguel Ceballos, désigné médiateur dans cette crise, à Blu Radio.  

Des discussions ont débuté mercredi sous sa supervision, avec la participation du Défenseur du peuple, organisme public de protection des droits, des représentants du parquet et de fédérations de divers secteurs économiques. 

En Colombie, le gouvernement dit vouloir "écouter tous les secteurs" de la société

"Nous poursuivrons la grève nationale" 

Miguel Ceballos a assuré qu'il rencontrerait lundi les leaders des manifestations. Puis, dans un message sur Twitter, il a invité le "Comité national de grève à se réunir avec le président et la vice-présidente", Mara Lucia Ramirez, sans donner plus de détails. Ce comité, qui a lancé l'appel à la mobilisation, s'est dit prêt à un dialogue direct avec Ivan Duque. 

Le président du syndicat Central Unitaria de Trabajadores, Francisco Maltés, a toutefois répondu dans une vidéo envoyée aux médias que le dialogue ne sera possible "qu'une fois démilitarisées les villes et les campagnes où l'on a massacré des jeunes qui protestaient pacifiquement". En attendant, "nous poursuivrons la grève nationale", a-t-il prévenu. 

"C'est avec ceux qui sont dans la rue qu'il faut dialoguer, les jeunes", a estimé pour sa part Claudia Lopez, la maire de Bogota, l'un des principaux foyers des manifestations.  

La vague contestataire, qui a débuté le 28 avril, s'est initialement levée contre un projet de réforme fiscale qui, selon ses critiques, aurait affecté la classe moyenne et était inopportun en pleine pandémie de Covid-19. 

Protestation et violences policières  

Le président l'a retiré, promettant un nouveau texte sans les points les plus contestés de hausse de la TVA et élargissement de la base de l'impôt sur les revenus. 

Mais le mouvement de protestation, qui rassemble des syndicats de divers secteurs, des étudiants, des indigènes, des défenseurs de l'environnement, a continué avec de nouveaux mots d'ordre. 

Les manifestants réclament notamment une amélioration des politiques de santé, d'éducation, de sécurité et dénoncent les abus des forces de l'ordre. 

Au moins 24 personnes ont été tuées et plus de 800 blessées depuis le début de ces rassemblements, selon un bilan des sources officielles qui n'a pas été actualisé depuis plusieurs jours. 

La responsabilité des Farc et de l'ELN pointée du doigt  

Lors d'une conférence de presse virtuelle depuis Washington, le ministre de la Défense, Diego Molano, a une nouvelle fois imputé les troubles qui ont entaché les manifestations aux dissidents de l'ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), aux rebelles de l'Armée nationale de libération (ELN) et aux gangs.   

Les manifestations ont été jusqu'ici pour la plupart pacifiques et festives. Mais dans certaines villes comme la capitale et Cali (sud-ouest), elles ont parfois été émaillées de troubles et de violents affrontements avec les forces de l'ordre. 

Les affrontements pendant les manifestations ont fait au moins 26 morts et plus de 800 blessés, selon les derniers chiffres officiels. Les ONG dénoncent un nombre bien plus élevé de victimes, allant jusqu'à plus d'une trentaine de morts.  

Ivan Duque, dont la popularité est en berne à 33 % d'opinions favorables, a été confronté à de multiples manifestations depuis 2019, dans un pays en récession économique et confronté à une recrudescence du conflit armé qui le mine depuis près de soixante ans. 

Avec AFP