Recep Tayyip Erdogan a appelé, lundi, Joe Biden à revenir immédiatement sur sa reconnaissance d'un génocide arménien, le président turc reprochant "l'impact destructeur" de cette initiative "sans fondement" sur les relations entre leurs deux pays.
Joe Biden, devenu le premier président des États-Unis à reconnaître le génocide arménien, s'est attiré les foudres de la Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a mis en garde, lundi 26 avril, contre "l'impact destructeur" sur les relations turco-américaines de la reconnaissance américaine.
"Le président américain a eu des propos sans fondement, injustes et contraires à la réalité", a déclaré M. Erdogan à la presse après avoir présidé une réunion de son gouvernement à Ankara.
Dans sa première réaction publique à l'annonce effectuée samedi par la Maison Blanche, Recep Tayyip Erdogan a, en outre, invité les États-Unis à "se regarder dans la glace". "Je n'ai même pas besoin de mentionner les Amérindiens. On le sait déjà. Quand tout cela est connu, vous ne pouvez pas accuser la nation turque de génocide", a lancé le président turc à l'adresse de son homologue américain.
"Les accusations de génocide sont tellement sensibles qu'elles ne peuvent être utilisées à des fins politiques."
"Nous pensons que ces propos ont été inclus dans la déclaration à la suite des pressions de groupes radicaux arméniens et des milieux antiturcs. Mais cela ne change rien à l'impact destructeur de ces propos pour les relations entre les deux pays", a ajouté M. Erdogan.
Un génocide reconnu par plus de vingt pays
M. Biden est devenu le premier président des États-Unis à qualifier de "génocide" la mort d'un million et demi d'Arméniens massacrés par l'Empire ottoman en 1915, suscitant la colère de la Turquie. Auparavant, le Congrès américain l'avait reconnu.
Le génocide arménien est reconnu par plus de vingt pays et par de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.
Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.
La Turquie, issue du démantèlement de l'empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
Une rencontre en juin pour apaiser les tensions
En dépit de ses critiques, M. Erdogan s'est toutefois dit "convaincu" que sa rencontre prévue en juin avec M. Biden en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles leur offrirait une opportunité pour apaiser les tensions entre les deux pays.
Le ministère turc des Affaires étrangères avait convoqué samedi l'ambassadeur américain pour protester contre la position américaine, a rapporté l'agence de presse d'État Anadolu.
La Turquie n'a "de leçons à recevoir de personne sur son histoire", avait auparavant déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu.
Avec AFP et Reuters