L'Iran a annoncé, samedi, la mise en service de nouvelles cascades de centrifugeuses modernisées permettant d'enrichir plus rapidement l'uranium. Cette utilisation lui est interdite selon les termes de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Quelques jours après l'ouverture d'un "nouveau chapitre" sur le nucléaire iranien, selon les mots de Téhéran, les Iraniens ont annoncé samedi 10 avril la mise en service de nouvelles cascades de centrifugeuses modernisées. Ce procédé, qui lui permet d’enrichir plus rapidement l’uranium, lui est toutefois interdit selon les termes de l’accord de Vienne, conclu en 2015.
Ces annonces interviennent alors que des discussions ont lieu à Vienne entre la République islamique et les autres États parties à l'accord de 2015 (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) sur la façon de réintégrer les États-Unis au sein de ce pacte conclu dans la capitale autrichienne.
Washington aurait fait des propositions "très sérieuses" à Téhéran
Vendredi 9 avril, un responsable américain a déclaré sous le couvert de l'anonymat que Washington avait fait, indirectement, des propositions "très sérieuses" à l'Iran pour relancer cet accord et que les Américains attendaient une certaine "réciprocité" de la part de la République islamique.
Les mesures annoncées en fanfare samedi par l'exécutif iranien ne vont pas dans ce sens.
Le président Hassan Rohani a inauguré officiellement une ligne de 164 centrifugeuses dites IR-6 et une autre de 30 IR-5, installées dans le complexe nucléaire de Natanz (centre de l'Iran), à l'occasion d'une cérémonie en visioconférence retransmise par la télévision d'État.
"Veuillez lancer l'opération d'alimentation en gaz (d'uranium) de la (cascade) de centrifugeuses de nouvelle génération au complexe d'enrichissement de Natanz", a déclaré le président. La télévision d'État n'a pas diffusé d'images de ces cascades, mais des ingénieurs en blouse blanche intervenant en duplex ont confirmé la mise en service de cette ligne de centrifugeuses.
Accord moribond
L'accord de Vienne est moribond depuis que les États-Unis en sont sortis unilatéralement trois ans plus tard, en 2018, sous la présidence de Donald Trump, rétablissant une avalanche de sanctions économiques et financières contre l'Iran.
En riposte, Téhéran a commencé à s'affranchir de ses engagements à partir de mai 2019, et le rythme s'est accéléré ces derniers mois.
Le nouveau président américain Joe Biden a déclaré qu'il était prêt à réintégrer l'accord, donc à lever les sanctions après négociations. De son côté, l'Iran dit être prêt à revenir à l'application pleine et entière du texte, à condition que les États-Unis lèvent d'abord toutes les sanctions qu'ils ont réimposées ou instaurées contre Téhéran depuis 2018.
Téhéran refuse toutefois de discuter directement avec les États-Unis à ce stade.
Les centrifugeuses IR-5 et IR-6 permettent d'enrichir de l'uranium plus vite et en quantité plus abondante que les centrifugeuses "de première génération" IR-1, les seules que l'accord de Vienne autorise l'Iran à utiliser.
Hassan Rohani a répété à l'occasion de cette cérémonie organisée pour la "Journée nationale de la technologie nucléaire" que le programme nucléaire de son pays était purement "pacifique".
Nouvelle réunion à Vienne
Jusque-là, les échanges qui ont eu lieu cette semaine à Vienne entre l'Iran et ses partenaires sur une relance de l'accord ont été jugés "productifs" par l'Union européenne, qui coordonne les discussions.
Selon la Russie, les diplomates des pays toujours parties à l'accord de Vienne "se réuniront à nouveau la semaine prochaine" dans la capitale autrichienne, afin de "maintenir la dynamique positive". Selon Téhéran, cette rencontre doit avoir lieu mercredi 14 avril, au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères.
Avec AFP