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Chavez se fait voter un confortable budget pour 2010

Le budget voté la semaine dernière par l'Assemblée vénézuelienne prévoit de consacrer 45 % des dépenses au secteur social... et d'augmenter considérablement les sommes allouées au président Chavez.

Plus de 159 milliards de bolivars (près de 50 milliards d’euros) pour l’année 2010 : malgré la crise financière, la loi de finances approuvée en fin de semaine dernière par les députés vénézuéliens prévoit un budget presque identique à celui de 2009. 

Le ministère vénézuélien de l’Économie a fait ses calculs en se basant sur un baril de brut à 40 dollars - le Venezuela est le premier exportateur de pétrole d'Amérique du Sud -, un taux de croissance de 0,5 %, et une inflation galopante (de 20 % à 22 %). 

Mais cette somme globale masque bien des disparités, des réorientations budgétaires, la création d’un nouveau fonds d’assistance aux programmes sociaux et… une incroyable augmentation : celle du fonds alloué à la présidence, donc aux activités d’Hugo Chavez. Celui-ci bondirait de 638 % en 2010. 

Social ou présidentiel, comment décrypter le budget 2010 du Venezuela ? 

Près de la moitié de l'enveloppe consacrée à l'aide sociale 

Dans une large part, il sera consacré à des dépenses sociales, a précisé le ministre vénézuélien de l’Économie, Ali Rodriguez Araque, lors d’une conférence de presse, le 20 octobre dernier. Elles seront, à 45 %, consacrées à l’éducation, à la santé et au développement social. 

La plus grande fierté du ministre réside dans la création d’un fonds spécialement dédié au financement de programmes gouvernementaux d’aide sociale, doté de 1,7 milliard d’euros. Il servira à alimenter, par exemple, la mission "Madres del Barrio" (Mères du quartier) - spécialisée dans la lutte contre la consommation de drogue, l’absentéisme scolaire, les grossesses précoces, etc. -, mais aussi des programmes comme "Robinson", "Ribas" et "Sucre" - axés sur l’éducation -, ou encore "Barrio Adentro", lancé en 2003 pour permettre à tous les Vénézueliens d'avoir un accès aux soins. 

Reste une question : le budget vénézuélien est-il aussi social qu’il y paraît ? 

Prenant le contrepied du ministre de l’Économie, le quotidien El Nacional affirme avoir examiné les dépenses à la loupe et décelé des coupes budgétaires "anti-sociales" : l’éducation (dont le budget passe de 11 milliards à 10 milliards d’euros), le travail (de 374 millions à 356 millions d’euros) et surtout le ministère de l’Intérieur (de 1,15 milliard à 940 millions d’euros) pâtiront de ce nouveau budget, indique le journal dans un article pas tendre pour le président Chavez

Créé en 1943, El Nacional, l’un des quotidiens les plus lus du pays avec El Universal, critique régulièrement le président Chavez. Il peut être classé parmi la  "presse d’opposition".

Le budget présidentiel en hausse de... 638 %

Dans le budget 2010 de l’État vénézuélien, il est pourtant deux postes de dépenses qui connaîtront l’an prochain une formidable augmentation : celui de la présidence, qui bondit de 140 millions à un peu plus d’un milliard d’euros, et celui de la vice-présidence de la république, qui passe de 55 millions à 215 millions d’euros. Soit "638 % d’augmentation", relève El Nacional…

La somme allouée l’an prochain à l’activité présidentielle représentera ainsi 2,1 % du budget 2010 du Venezuela, et 0,4 % du PIB, souligne le quotidien. 

Pourquoi une telle augmentation ? 

Première explication : le budget voté pour la présidence en 2009 - 140 milliards d’euros - avait été trop juste pour Hugo Chavez. À deux reprises cette année, le président vénézuélien a été contraint de demander à l’Assemblée nationale de lui allouer des crédits additionnels. En 2010, la hausse du budget de la présidence augmente donc de 638 %... mais pas si l’on prend en compte ces deux rallonges. 

En outre, il semble que la sécurité du président, ainsi que ses frais de voyage, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, aient eu besoin d’un petit coup de pouce.