Le Conseil de sécurité de l'ONU est parvenu, jeudi, à parler d'une seule voix sur la situation en Birmanie, en publiant une déclaration largement édulcorée par la Chine lors d'une négociation difficile qui a duré deux jours.
Jeudi 1er avril, le Conseil de sécurité de l'ONU "a condamné fermement les morts de centaines de civils, incluant des femmes et des enfants" en Birmanie. Profondément préoccupés "par la détérioration rapide de la situation", les membres du Conseil, qui avaient tenu mercredi une réunion à huis clos de plus de deux heures après les violences meurtrières du week-end, dénoncent aussi "fermement le recours à la violence contre des manifestants pacifiques", indique leur déclaration initiée par le Royaume-Uni.
Dans les versions précédentes du texte, obtenues par l'AFP, les Occidentaux avaient mis une mention affirmant que le Conseil de sécurité était "prêt à envisager de nouvelles étapes", soit une vague allusion à la possibilité de sanctions internationales contre les militaires qui ont pris le pouvoir.
Selon des diplomates, la Chine, opposée à toute prise de sanctions, a cependant bloqué à plusieurs reprises une approbation du texte à cause, entre autres, de cette mention qui ne figure plus dans le texte adopté. Ce dernier se borne à stipuler que le Conseil "restera activement saisi du dossier". Pékin a aussi imposé en fin de négociations de changer une mention portant sur "le meurtre de centaines de civils" par une mention évoquant "les morts de centaines de civils".
La Russie, selon les mêmes diplomates, a aussi bloqué plusieurs fois le texte car Moscou voulait une mention condamnant la mort de membres des forces de l'ordre dans des manifestations, qu'il n'a pas obtenue explicitement.
Une "seule voix"
Arriver à parler d'une "seule voix" au Conseil de sécurité est "un signal très important" pour les militaires birmans, veut croire un ambassadeur sous couvert d'anonymat, reconnaissant implicitement que plusieurs concessions ont dû être faites à Pékin. Depuis le coup d'État du 1er février, le Conseil de sécurité a montré dans des déclarations son unité à trois reprises, incluant celle de ce jeudi.
Pékin, premier soutien de la Birmanie et qui n'a jamais reconnu l'existence d'un coup d'État militaire, a cependant à chaque fois réduit la portée des textes négociés. Les prises de position du Conseil n'ont en outre eu que peu d'effet sur les militaires jusqu'à présent.
Appel à libérer Aung San Suu Kyi
Dans sa dernière déclaration, le Conseil de sécurité réitère son "appel aux militaires pour qu’ils fassent preuve de la plus grande retenue". Il faut qu'ils "respectent pleinement les droits humains et recherchent le dialogue et la réconciliation conformément à la volonté et aux intérêts du peuple de Birmanie", ajoute le texte, en demandant de nouveau la libération d'Aung San Suu Kyi, accusée jeudi d'avoir violé une loi sur les secrets d'État datant de l'époque coloniale, et du président Win Myint.
Le texte souligne aussi que le Conseil apporte son "soutien aux efforts" de l'organisation régionale asiatique Asean, qui doit tenir un sommet fin avril, pour trouver une solution à la crise, et appelle "à un accès humanitaire sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin".
"Il est vital que les droits des minorités soient pleinement protégés", indique leur déclaration, qui formule également l'espoir que l'émissaire de l'ONU, interdite d'entrée dans le pays depuis le coup d'État, puisse y avoir accès "le plus tôt possible".
Avec AFP