
Le Parti démocrate italien a désigné Pier Luigi Bersani pour prendre la tête du parti de centre-gauche. Une mission de taille l'attend : remettre sur pied un parti bien mal en point depuis la déroute de Veltroni face à Berlusconi en avril 2008.
AFP - Les électeurs et sympathisants du Parti démocrate italien ont choisi dimanche Pier Luigi Bersani, un homme d'appareil et ancien ministre de 58 ans, comme nouveau chef dans l'espoir qu'il remette en ordre de bataille le centre-gauche face à Silvio Berlusconi.
"Trois millions (de votants) sont une grande preuve de démocratie. C'est la victoire de tout le monde", a déclaré M. Bersani. Selon la direction du PD, le nouveau secrétaire a obtenu 52% des suffrages sur la base de 35% des bulletins.
Le secrétaire par intérim du PD depuis février Dario Franceschini, un catholique centriste de 51 ans est arrivé deuxième avec 34% alors que l'outsider Ignazio Marino, un chirurgien aux idées laïques de 54 ans nouveau venu en politique, a battu tous les pronostics avec près de 14%.
Il s'agissait des troisièmes primaires organisées par le centre-gauche depuis 2005 et des premières dont l'issue était incertaine.
M. Bersani a promis que le PD ne sera "pas le parti d'un seul homme mais un collectif travaillant en équipe", "un parti populaire enraciné dans le territoire" en annonçant qu'il rencontrera lundi des artisans en difficultés dans le district du cuir et du textile à Prato en Toscane.
Il a lancé des piques en direction de Silvio Berlusconi en se disant "fier de faire un parti qui n'a pas de maître (absolu) mais qui organise des congrès (et primaires) pour choisir qui doit le diriger".
Dans l'esprit du nouveau secrétaire, le PD doit affronter la droite en proposant "une alternative", pas seulement comme force d'opposition. Le PD entend en outre nouer des alliances en vue d'un retour au gouvernement, aussi bien à gauche qu'avec le centre.
D'origine modeste, M. Bersani est entré très jeune au Parti communiste et a fait carrière dans l'administration de sa région "rouge" d'Emilie Romagne avant d'acquérir une notoriété nationale comme ministre de l'Industrie, des Transports et du Développement économique dans plusieurs gouvernements de Romano Prodi, en se montrant ouvert aux réformes et privatisations.
La participation aux primaires a dépassé les espoirs des responsables du PD qui la voyait aux alentours des deux millions. L'affluence a été telle que, dans certaines villes, les bulletins épuisés ont dû être photocopiés et le scrutin s'est terminé bien après l'horaire fixé à 20H00 (19H00 GMT).
80.000 bénévoles étaient mobilisés dans 9.800 bureaux installés dans des locaux du PD, des bibliothèques, des magasins ou sur des places.
"C'est un jour de fête pour la démocratie", a commenté M. Franceschini, en jugeant désormais "irréversible l'élection du secrétaire du PD à travers les primaires".
Le Latium, la région de Rome, n'a pas souffert de la démission samedi de son président Piero Marrazzo (membre du PD), empêtré dans une affaire de moeurs.
Pour voter, il fallait avoir 16 ans, déclarer par écrit partager les idées du PD et verser deux euros pour financer les primaires.
Depuis la déroute de Walter Veltroni en avril 2008 face à Berlusconi, le PD est pratiquement aux abonnés absents d'un débat politique monopolisé par Silvio Berlusconi, ses scandales sexuels présumés impliquant une mineure et des call girls, et les conflits internes à sa majorité de centre-droit.
"Pendant la campagne des primaires, le PD a été très centré sur lui-même et à sa place, c'est la presse, surtout le groupe Repubblica-Espresso qui a dicté l'agenda de l'opposition", a relevé pour l'AFP Marco Tarchi, professeur de sciences politiques.
Le scrutin de dimanche était donc crucial pour le PD - premier parti du centre-gauche avec 33% aux dernières législatives - s'il veut redevenir le fer de lance du front anti-Berlusconi, avec à l'horizon un premier test: les régionales de mars 2010.