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Le procès de Michael Kovrig, deuxième Canadien détenu en Chine, a commencé

Le procès de Michael Kovrig, ressortissant canadien détenu en Chine depuis plus de deux ans pour des accusations d'espionnage, a débuté lundi à huis clos dans un tribunal de Pékin. Cette audience fait suite au procès d'un autre Canadien, Michael Spavor, jugé vendredi dernier dans un tribunal de la ville de Dandong, dans le nord-est du pays. 

Le procès d'un deuxième Canadien détenu en Chine depuis plus de deux ans pour "espionnage" s'est ouvert, lundi 22 mars, à Pékin, le Canada dénonçant une détention "arbitraire" en réponse à l'arrestation d'une femme d'affaires chinoise à Vancouver.

Le procès de l'ex-diplomate Michael Kovrig, 49 ans, survient trois jours après celui à Dandong de son compatriote Michael Spavor, qui s'est achevé en un peu plus de deux heures sans qu'un verdict soit rendu public.

Ils risquent tout deux une peine de prison à perpétuité. Mais selon des observateurs, les probables condamnations des deux Canadiens à des peines d'emprisonnement pourraient au bout du compte faciliter un accord diplomatique sur leur libération et leur retour au Canada.

Les deux hommes ont été arrêtés en décembre 2018, peu après l'interpellation au Canada d'une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, à la demande des États-Unis. Ottawa accuse le régime communiste d'avoir arrêté ses deux ressortissants par mesure de représailles, ce que Pékin dément.

Comme lors du premier procès vendredi, les représentants de l'ambassade du Canada en Chine n'ont pas été autorisés à assister à l'audience.

Une fonctionnaire du Tribunal populaire intermédiaire numéro deux de Pékin, où est jugé Michael Kovrig, a déclaré à la presse que l'affaire relevant de la "sécurité nationale", le public n'était pas autorisé à assister au procès. Plusieurs diplomates s'étaient également vus refuser l'accès au procès de Michael Spavor pour des motifs de sécurité nationale.

Le Canada dénonce un "manque de transparence"

"Nous sommes très préoccupés par ce refus d'accès et par le manque de transparence de tout le processus judiciaire", a déclaré le chargé d'affaires de l'ambassade du Canada, Jim Nickel, après s'être vu interdire l'accès du palais de justice peu après 9 h (1 h GMT), l'heure à laquelle le procès devait commencer.

Il s'est néanmoins félicité de la présence de diplomates de 26 pays, dont l'Allemagne, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

Ces diplomates ont posé pour les photographes devant le tribunal, avant d'applaudir Jim Nickel qui venait de les remercier de leur soutien.

Le diplomate canadien a dit s'attendre à ce que le procès se prolonge jusque dans l'après-midi.

L'arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur du groupe de télécoms, le 1er décembre 2018, a provoqué une dégradation sans précédent des relations entre la Chine et le Canada.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a jugé vendredi "totalement inacceptable" la détention de ses deux compatriotes.

Justin Trudeau avait aussi émis l'espoir que le dossier soit abordé en Alaska en fin de semaine dernière lors de la première rencontre de haut niveau entre dirigeants chinois et américains sous la présidence de Joe Biden.

"Je suis très confiant que cela sera un enjeu abordé lors de ce sommet", avait précisé Justin Trudeau, ajoutant qu'il savait "à quel point les Américains prennent au sérieux cette situation".

Par ailleurs, Joe Biden et le secrétaire d'État américain Antony Blinken ont déclaré que "s'agissant des cas de Michael Kovrig et Michael Spavor, les États-Unis vont considérer ces deux individus comme des citoyens américains", a indiqué à la presse William Klein, chargé d'affaires à l'ambassade américaine en Chine, présent au côté de Jim Nickel.

Le Wall Street Journal avait rapporté début décembre que Huawei discutait d'un accord avec l'administration américaine qui permettrait à Meng Wanzhou de regagner la Chine. La justice américaine lui reproche d'avoir contourné des sanctions américaines contre l'Iran.

Flou autour des motifs d'arrestation

La nature exacte des accusations contre les deux Canadiens n'est en revanche pas connue.

En mars 2019, l'agence de presse officielle Chine nouvelle avait rapporté que Michael Kovrig, qui travaillait pour l'association Crisis Group, était soupçonné d'espionnage et de vol de secrets d'État et que Michael Spavor était une de ses principales sources d'information.

Ce dernier était en contact depuis la Chine avec la Corée du Nord, pays dans lequel il organisait des voyages, notamment de personnalités reçues par le dirigeant Kim Jong Un.

L'ancien ambassadeur du Canada en Chine, Guy Saint-Jacques, a dit s'attendre à ce que les deux verdicts soient annoncés dans la semaine par la justice chinoise.

"La Chine n'essaie même pas de faire croire qu'il s'agit de vrais procès : les preuves ne sont pas communiquées à la défense et le juge ne prend pas le temps de les examiner", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Cela ne fait que confirmer que le processus judiciaire est commandité par le Parti communiste et qu'il s'agit de procès politiques", a dénoncé l'ex-ambassadeur.

"Le message adressé aux États-Unis est clair : si vous voulez aider les Canadiens, faites en sorte que Meng Wanzhou rentre rapidement en Chine".

Avec AFP et Reuters