L'armée pakistanaise a repris le contrôle de la ville de Kotkai, une place forte des taliban au Sud-Waziristan, une semaine après le lancement d'une offensive militaire majeure dans la région.
AFP - Les forces pakistanaises ont annoncé un premier succès dans leur offensive lancée il y a une semaine contre les talibans dans le Waziristan du Sud avec la prise de Kotkai, le fief du chef des rebelles Hakimullah Mehsud, dans la nuit de vendredi à samedi.
Un missile tiré par un drone américain a par ailleurs tué quatorze personnes à Bajaur, un autre district des zones tribales du nord-ouest du Pakistan, à la frontière avec l'Afghanistan, selon un responsable de l'administration locale, Mohammad Jamil.
Un responsable de la sécurité a précisé que les morts étaient tous des insurgés, parmi lesquels trois combattants étrangers. Depuis 2008, quelques 70 attaques de drones américains ont fait près de 600 morts dans le nord-ouest du Pakistan, selon les responsables pakistanais.
Depuis une semaine, plus de 30.000 soldats, appuyés par des avions de combat, des hélicoptères d'attaque et des tirs d'artillerie lourde, mènent une opération visant à déloger les talibans de leur bastion du Waziristan du Sud, situé dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan.
"Les forces de sécurité ont pris aujourd'hui le contrôle total de Kotkai, après des combats intenses", a déclaré samedi le porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas, lors d'une conférence de presse.
it"Le processus de fouille et de destruction des bombes artisanales, mines et pièges explosifs disposés dans le village se poursuit", a-t-il ajouté.
La prise de Kotkai a été qualifiée de "percée majeure" par une source militaire, rappelant qu'il s'agit d'un bastion des talibans et du village natal de Hakimullah Mehsud et Qari Hussain. Le premier est le chef du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP) et le second l'un de ses lieutenants, considéré comme le cerveau de nombreux attentats suicide commis au Pakistan.
L'armée avait annoncé dès lundi avoir encerclé Kotkai. Mais depuis une semaine, la progression des troupes est très lente, une dizaine de kilomètres environ, en raison du terrain montagneux et d'accès difficile, des mines et de la résistance des talibans, bien retranchés dans des bunkers et des maisons fortifiés.
L'armée a fait état samedi dans un communiqué de la mort de 21 rebelles et trois soldats au cours des dernières 24 heures, portant à 167 le nombre d'insurgés et à 25 celui de militaires tués depuis le début de l'offensive terrestre. Tous ces bilans ne peuvent être vérifiés de source indépendante, les zones des combats étant inaccessibles.
Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague d'attentats qui a tué près de 2.300 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaïda.
Les autorités pakistanaises se sont engagées à en finir avec le réseau terroriste en lançant le 17 octobre, après plusieurs mois de bombardements, une offensive terrestre.
Les 30.000 militaires engagés au sol dans cette opération font face, selon divers experts, à environ 10.000 talibans pakistanais, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers.
Alors que près de 140.000 civils ont déjà fui la région des combats selon un nouveau bilan samedi des Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est plaint vendredi de ne pas avoir accès aux zones de combat. "Ce que nous voyons maintenant, c'est une augmentation, forte et très préoccupante, du nombre de victimes civiles", a déploré à Genève Jacques de Maio, le chef des opérations du CICR pour l'Asie du sud.
L'armée pakistanaise n'a pas fait état de victimes civiles.
Depuis 2002, l'armée pakistanaise a perdu plus de 2.000 soldats dans des combats contre les islamistes dans les zones tribales et le nord-ouest du pays, sans parvenir à aucun résultat concret.