Washington et Bruxelles ont signalé, vendredi, leur volonté de prendre "un nouveau départ" dans leur relation commerciale, en annonçant une pause dans le vieux conflit opposant Airbus et Boeing.
Une trêve dans plus de 15 ans de conflit commercial. Les États-Unis et l'Union européenne (UE) ont annoncé, vendredi 5 mars, leur volonté de prendre un "nouveau départ" dans leur relation commerciale, empoisonnée par le vieux conflit opposant les avionneurs Airbus et Boeing et ayant atteint son paroxysme sous la présidence de Donald Trump.
Les deux parties se sont mises d'accord pour suspendre pour quatre mois les droits de douane qu'elles s'infligent dans ce différend opposant l'avionneur européen Airbus à son rival américain Boeing, ont annoncé les États-Unis et l'Union européenne (UE) dans un communiqué conjoint. Bruxelles et Washington s'accusent depuis 2004 de subventionner illégalement leur industrie aéronautique.
Cette annonce a été faite à l'issue d'un échange téléphonique entre le président Joe Biden et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il s'agissait de leur premier entretien officiel depuis l'arrivée du président démocrate à la Maison Blanche.
Joe Biden "a souligné son soutien à l'Union européenne et son engagement à réparer et redynamiser le partenariat USA-UE", a indiqué la Maison Blanche dans un bref compte-rendu de cet appel.
C'est au cours de cet entretien qu'il a été convenu de suspendre les tarifs douaniers qu'ils se sont imposés mutuellement dans le cadre du litige Airbus/Boeing. "Cela permettra à l'UE et aux États-Unis d'alléger le fardeau de leurs industries et de leurs travailleurs ainsi que de concentrer leurs efforts sur la résolution de ces différends de longue date à l'OMC", selon le communiqué commun.
L'objectif est de "parvenir à une solution négociée, globale et durable aux différends aéronautiques", est-il ajouté. De plus, les "éléments clés" d'une solution négociée doivent inclure un cadre sur la manière de soutenir à l'avenir le secteur aéronautique.
"Le président Biden et moi-même avons convenu de suspendre tous nos tarifs imposés dans le cadre des litiges Airbus-Boeing, tant sur les produits aéronautiques que non aéronautiques, pour une période initiale de quatre mois", avait annoncé Ursula von der Leyen avant même la publication du communiqué commun.
Lors de leur entretien, la présidente de l'exécutif européen a proposé "un nouveau partenariat" économique entre l'UE et les États-Unis, "fondé sur des valeurs et principes communs".
Soulagement en France
Cette annonce, au lendemain d'un accord similaire entre Londres et Washington, a été accueillie avec soulagement par Paris car les surtaxes américaines pénalisent particulièrement les viticulteurs français.
"Enfin, nous sortons de la guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe, qui ne fait que des perdants", s'est ainsi félicité le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire. "Je me réjouis pour nos viticulteurs français", a-t-il ajouté, alors que ces derniers ont fait les frais d'un conflit qui ne les concernait pas.
Il s'agit d'une "première étape dans le processus de désescalade" commerciale, a, lui, estimé le ministre français au Commerce extérieur, Franck Riester.
"Nous allons maintenant travailler avec la Commission et nos partenaires européens pour parvenir dans les quatre mois à un accord sur de nouvelles règles encadrant le soutien public au secteur aéronautique, qui soit conforme à nos intérêts et sans naïveté", a ajouté le ministre délégué.
En conflit depuis 2004
"Nous nous félicitons de la décision de suspendre les tarifs pour permettre la tenue de négociations", a pour sa part réagi Airbus dans un communiqué séparé, ajoutant qu'il continuerait à "défendre un règlement négocié de ce différend de longue date afin d'éviter des surtaxes douanières qui ne font que des perdants".
Airbus et son concurrent Boeing, et à travers eux l'Union européenne et les États-Unis, s'affrontent depuis octobre 2004 devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales.
Sous l'administration Trump, les États-Unis ont été autorisés en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25 % pour les vins et spiritueux, et de 15 % pour les avions Airbus.
Dans une décision miroir un an plus tard, l'OMC avait autorisé Bruxelles à mettre en place des taxes sur des produits importés des États-Unis. L'UE impose, depuis, des droits de douane sur 4 milliards de dollars d'exportations américaines.
L'administration Biden avait annoncé, le 11 février, le maintien provisoire des taxes supplémentaires sur certains produits européens, entrées en vigueur le 12 janvier dernier, à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, marqué par de fortes tensions commerciales.
Mais la semaine dernière, la future représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, avait mis en avant la "nécessité pour les États-Unis et l'UE de s'unir pour trouver une réponse" à ce conflit.
Avec AFP