Au moins 75 prisonniers sont morts dans des mutineries qui ont éclaté, mardi, dans trois prisons surpeuplées d'Équateur, a annoncé la police. Des rivalités entre gangs, notamment de narco-trafiquants, seraient à l'origine des émeutes.
Des mutineries ont éclaté, mardi 23 février, dans trois prisons d’Équateur, faisant au moins 75 morts parmi les prisonniers, a annoncé la police. Ces mutineries sont dues à des rivalités entre gangs, notamment de narco-trafiquants, a annoncé le service pénitentiaire.
Le service pénitentiaire (Snai) a fait état, dans la soirée, sur Twitter, d'une "hausse de 13 morts" supplémentaires à la prison du port de Guayaquil, deuxième ville et capitale économique du pays, sur la côte Pacifique.
Précédemment, son directeur, Edmundo Moncayo, avait communiqué un bilan de 33 détenus tués dans la seule prison de Cuenca (sud), 21 à Guayaquil (sud-ouest) et huit à Latacunga (sud). Il n'avait pas mentionné de morts parmi les forces de l'ordre, mais des "policiers qui ont été blessés", sans en préciser le nombre.
Le président équatorien, Lenin Moreno, a accusé des "organisations criminelles" d'être derrière ces mutineries, qui ont éclaté de manière simultanée. Les autorités "agissent pour reprendre le contrôle des prisons", a ajouté le chef de l'État sur Twitter.
Selon le parquet, des "affrontements entre bandes criminelles" ont également fait plusieurs blessés.
L'ordre rétabli
À la tombée de la nuit, la police et les gardiens avaient réussi à rétablir l'ordre, a précisé à l'AFP une source du Snai. L'armée a également été déployée aux abords des prisons.
Selon le directeur du service pénitentiaire, les violences dans les prisons sont dues aux guerres de pouvoir entre gangs, financés par le trafic de drogue, et qui de là dirigent leurs opérations.
Edmundo Monbcayo a estimé que les émeutes du jour "sont un signal de résistance et de rejet de la part des détenus face aux actions de contrôle" telles qu'une perquisition effectuée la veille dans la prison de Guayaquil. Deux armes à feu, qui devaient servir à éliminer les chefs d'une bande, ont alors été saisies et leurs ennemis ont ordonné l'"assassinat de prisonniers d'autres centres", a-t-il ajouté.
Le Snai a admis un manque de personnel de sécurité, qui "complique les actions de réponse immédiate" en cas de mutineries.
Un état d'exception déjà décrété fin 2020
En décembre, des mutineries dans différentes prisons à la suite de rivalités entre organisations criminelles, notamment des narcotrafiquants, avaient fait onze morts et sept blessés parmi les détenus.
Fin 2020, un état d'exception pour les prisons du pays avait été décrété pour 90 jours par le président Moreno, avec l'objectif de contrôler les "mafias" et de réduire la violence qui gangrène les centres de détention.
Au total sur l'année 2020, la violence entre détenus a provoqué la mort de 51 prisonniers. Depuis le début de l'année, avant les troubles de mardi, trois prisonniers étaient déjà morts lors de violences, selon les données de la police.
En raison de la pandémie de Covid-19, afin de diminuer la surpopulation carcérale, le pays sud-américain avait décidé l'année dernière d'appliquer des peines de substitution pour les délits mineurs.
Avec AFP