Toujours en proie à l'instabilité, la capitale somalienne a été le théâtre, ce jeudi, d'échanges de tirs d'artillerie entre des insurgés islamistes et des soldats de l'Amisom. Au moins 17 civils ont été tués.
Au moins 17 civils ont été tués et 58 autres blessés, ce jeudi, à Mogadiscio, dans des échanges de tirs d'artillerie entre des insurgés islamistes et des soldats de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
"Il s'agit des pires bombardements que nous avons connus récemment à Mogadiscio. Des tirs d'artillerie lourde ont visé des quartiers populaires, notamment le marché de Baraka, mais aussi les quartiers d'Holwadag et Hodan", a déclaré à l'AFP Ali Muse, chef du service des ambulances de Mogadiscio.
Les insurgés ont d'abord tiré au mortier sur l'aéroport alors que le président somalien, Cheikh Sharif Ahmed, s'y trouvait pour se rendre en Ouganda, où il doit participer à un sommet international sur les réfugiés et les déplacés, a précisé un responsable de la police.
Les soldats de l’Union africaine, dont la base se trouve en bord de mer, sur l'aéroport de Mogadiscio, ont riposté par des feux nourris. L’Amisom - composée de 5 000 hommes, principalement ougandais et burundais - est déployée depuis mars 2007. Seule mission militaire internationale présente sur place, elle essuie régulièrement des attaques, parfois mortelle.
En septembre, son quartier général a été la cible d’un double attentat revendiqué par les islamistes des Shebab. Neuf soldats avaient été tués, dont son numéro 2, le général burundais Juvénal Niyoyunguruza. En février, le camp de l'Amisom à Mogadiscio avait par ailleurs été visé par un attentat à la voiture piégée. Onze de ses soldats avaient péri.
Chaos
L’Union africaine est présente en Somalie pour soutenir le gouvernement du président Cheikh Sharif Ahmed, un ancien chef des tribunaux islamiques. Arrivé au pouvoir au début de l’année avec le soutien des Nations unies, il ne contrôle que quelques quartiers de la capitale en ruine.
La majeure partie du pays reste aux mains des miliciens des Shebab, une organisation liée à Al-Qaïda, et d’un autre groupe d’insurgés, le Hezb al-Islam. S'ils passent parfois des alliances de circonstance, comme au mois de mai dernier, lorsqu’ils ont lancé une vaste offensive contre le gouvernement dans Mogadiscio, ces deux mouvements s’opposent le plus souvent, n’ayant en commun que leur volonté de voir appliquée la charia. Leurs rangs sont d’autant plus hétéroclites que des combattants pakistanais, indiens et même, depuis un an et demi, iraniens viennent les gonfler.
Les États-Unis craignent de voir la Somalie devenir un nouveau sanctuaire d'Al-Qaïda, comme l’a été l’Afghanistan jusqu'au tournant des années 2000.
Depuis 1991, année de la chute du président Mohamed Siad Barre qui marque le début du chaos dans ce pays de la corne de l’Afrique, des centaines de milliers de Somaliens ont été tués, en très grande majorité des civils, dans les combats qui opposent régulièrement des milices rivales. Des centaines de milliers d'autres ont pris le chemin de l'exil.