France 24 s’est entretenu avec l’opposant haïtien Youri Latortue, alors que Port-au-Prince est balayée par une puissante vague de contestation contre le président Jovenel Moïse. Depuis la capitale haïtienne, cet ancien président du Sénat accuse Jovenel Moïse de "crimes de sang" ainsi que de "crimes financiers". Pour lui, le président en exercice n’entend pas uniquement se maintenir au pouvoir une année supplémentaire : Jovenel Moïse ambitionnerait aussi de modifier illégalement la Constitution afin de conserver la présidence au-delà du 7 février 2022.
L’ancien président du Sénat haïtien Youri Latortue, un des principaux opposants au président Jovenel Moïse, explique sur France 24 que le mouvement d’opposition vise à faire respecter la Constitution, selon laquelle le mandat du président a expiré le 7 février dernier.
Il affirme que le mouvement est "complètement pacifique", et prévoit d’organiser une nouvelle transition afin de parvenir à des élections libres et transparentes. Youri Latortue regrette que les Nations unies, l’Organisation des États américains et surtout le gouvernement américain soutiennent le point de vue du président, selon lequel son mandat se termine en février 2022.
Notre invité précise que les plus hautes instances judiciaires d’Haïti considèrent que son mandat est terminé et estime que la position américaine est le fruit d’un accord de soutien mutuel entre l’ex président Donald Trump et le président Moïse. Il espère que l’administration Biden changera de position après un examen de la situation.
L’ancien président du Sénat haïtien accuse le président au pouvoir de crimes financiers et de crimes de sang, ajoutant qu’il devra être traduit en justice. C’est la raison pour laquelle Jovenel Moïse cherche à prolonger son mandat et veut modifier la Constitution afin de se maintenir au pouvoir, selon lui. Il ajoute que le président est un dictateur car il a de facto fait disparaître le Sénat et l’Assemblée nationale, gouverne par décret, et veut modifier la Constitution par la force.