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Depuis le 17 octobre, les 600 000 Tunisiens de France sont invités à se rendre aux urnes pour désigner leurs députés et leur président... Sans être convaincus que leur voix puisse changer l'issue des scrutins. Reportage à Paris.

Tout comme leurs compatriotes résidant à l’étranger, les 600 000 Tunisiens vivant en France peuvent, depuis le 17 octobre, se rendre aux urnes pour choisir leur président parmi les quatre candidats en lice, dont le président sortant Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987. Reportage au consulat général de Tunisie, dans le prestigieux XVIe arrondissement de Paris, où la majorité des électeurs ne semblent pas bien connaître les adversaires du chef de l’Etat.

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Karim, gérant d’une société à Paris, a décidé d’accomplir son devoir tôt le matin. Il est 9 heures ce mardi lorsqu’il sort de l’isoloir. "J’ai voté pour Ben Ali parce qu’il est de la ville de Sousse. Comme moi. Mais ce n’est pas ma seule motivation. Nous sommes un petit pays, nous n’avons pas de pétrole comme l’Algérie, et il a su se débrouiller avec les moyens du bord pour faire avancer le pays." Tout comme Karim, Hasna a glissé un bulletin Ben Ali dans l’urne. "Je ne connais que lui", lance-t-elle candide.

‘’Vous avez déjà vu un pays arabe qui a changé de président ?’’

Selon Norredine, peintre en région parisienne, il est d’ailleurs inutile de connaître les noms des autres prétendants à la présidence. ‘’C’est Ben Ali lui-même qui les a installés candidats’’, clame le jeune homme, visiblement peu gêné par la présence des agents consulaires, attentifs à toutes les conversations. Contrairement à ses compatriotes rencontrés plus tôt, Norredine avoue volontiers ne pas avoir voté pour le numéro un tunisien. Sans être convaincu toutefois que sa voix changera quelque chose. ‘’Vous avez déjà vu un pays arabe qui a changé de président ? interroge-t-il à haute voix, avant de se faire interrompre par sa femme. ‘’Cette conversation devient très politique. Nous devons partir.’’

Sadok, quant à lui, se montre plus indécis : ‘’Je ne sais pas encore pour qui je vais voter. Peut-être pour Ben Ali’’. Et d’ajouter dans un murmure : ‘’Peut-être pour les autres candidats’’. Las, ce retraité de 62 ans résidant dans les Hauts-de-Seine ne peut pas voter à Paris. Mais ce n’est que partie remise. Les Tunisiens de l’étranger avaient jusqu’au 24 octobre pour se rendre dans les bureaux de vote.

Désintérêt de la jeunesse

Malgré la nouvelle disposition abaissant l’âge du droit de vote à 18 ans – il était de 20 ans auparavant - la présidentielle ne semble pas avoir suscité l’intérêt des jeunes. ‘’Ils sont venus en masse le week-end dernier, se défend pourtant Thameur Saad, le consul général. Venu au consulat pour récupérer son passeport, Akram, 23 ans, ne souhaite pas voter. ‘’Cela ne m’intéresse pas car cela ne changera rien. On vote pour quelqu’un qu’on aime. Or, je n’ai aucune préférence.’’

Même désintérêt chez Kaoutar, 27 ans, qui a fait le déplacement jusqu’au XVIe arrondissement de Paris pour récupérer sa carte consulaire. Et non pas pour participer à un scrutin dont le résultat, dit-elle en rigolant, ‘’est connu d’avance…''