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Repas à 1 euro, "chèque-psy"... les annonces de Macron face à la grogne des étudiants

Dans toute la France, des étudiants ont manifesté mercredi pour dénoncer leurs conditions de vie durant la crise sanitaire et réclamer un retour dans leurs universités. En déplacement à Saclay jeudi, Emmanuel Macron a présenté de nouvelles mesures, tout en prévenant qu'il n'y aurait pas de "retour à la normale au deuxième semestre".

À Paris, Strasbourg, Lille, Toulouse ou encore Rennes, des centaines d’étudiants ont manifesté mercredi 20 janvier pour dénoncer la dégradation de leur existence quotidienne avec la crise sanitaire liée au Covid-19.

Privés depuis plus de deux mois de cours en "présentiel", contrairement aux élèves des lycées, des classes prépa ou des BTS, de nombreux étudiants éprouvent un sentiment d'injustice.

À Paris, devant le Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de Port-Royal, un cortège de quelques centaines de manifestants a rejoint dans le calme le ministère de l'Enseignement supérieur en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Présentiel, produit essentiel" ou encore "Politique incompétente, jeunesse agonisante", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Débrouillez-vous avec ça"

Devant les bâtiments de l'université de Rennes 2, où quelque 250 étudiants se sont rassemblés, Josselin, 21 ans, est lui aussi venu dire son "désespoir face à la solitude". "C'est dur, ça fait un an que je suis tout seul face à moi-même dans mon 18m2. Aujourd'hui j'ai reçu mon premier cours en PDF et ‘débrouillez vous avec ça’. Il y a des profs qui ne font même plus l'effort de faire des visios".

La semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que les étudiants de première année à l'université pourraient reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier. Cette mesure s'étendra ensuite, "si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux", a-t-il ajouté, sans donner de date.

Vivre "avec les contraintes" sanitaires "jusqu'à l'été"

Jeudi, à l'université de Paris Saclay, Emmanuel Macron a annoncé, en marge d'une visite sur le thème de la recherche en physique quantique, que l'ensemble des étudiants pourront avoir accès à deux repas par jour pour le prix d'un euro le repas dans les restos U, afin de leur permettre de faire face aux conséquences de la crise du Covid-19.

"Le retour à la normale n'est pas envisageable au deuxième semestre" de l'année universitaire et il faudra vivre "avec les contraintes" sanitaires "jusqu'à l'été", a-t-il prévenu, lors d'un échange avec des étudiants.

Le président français a par ailleurs annoncé la création d'un "chèque-psy" pour les étudiants en détresse et affirmé que les ceux-ci devaient pouvoir, s'ils le souhaitent, retourner suivre des cours en présentiel à l'université un jour par semaine. "Un étudiant doit avoir les mêmes droits qu'un salarié (...) S'il en a besoin, il doit pouvoir revenir à l'université un jour par semaine" dans des amphis avec une jauge maximum de 20 %, a-t-il indiqué.

"On se sent abandonnés"

"On demande de réelles aides, une réouverture des facultés en petits groupes avec un protocole sanitaire strict, des psychologues et psychiatres pour suivre les étudiants - actuellement, il n'y a qu'un psy pour 30 000 étudiants en France, c'est beaucoup trop peu alors que la demande ne cesse d'augmenter... On se sent abandonnés", a listé une des manifestantes de Lille, Alexandra Mouton, 22 ans, étudiante en Master 1 de sciences politiques.

Plusieurs études récentes ont mesuré une montée du mal-être étudiant. Ces dernières semaines, plusieurs suicides ou tentatives ont été recensés.

Le gouvernement a exprimé sa "préoccupation" face au "profond sentiment d'isolement" des étudiants et annoncé un renfort de psychologues et d'assistants sociaux. Un chèque de soutien psychologique, qui consiste à financer des consultations chez un psychologue de ville pour les étudiants en difficulté, devrait aussi voir le jour.

Des annonces toutefois insuffisantes aux yeux des syndicats. "On a l'impression que le gouvernement ne prend pas la mesure de la situation", déplore Mélanie Luce, présidente de l'Unef.

Le syndicat étudiant a chiffré son "plan d'urgence" pour les étudiants à 1,5 milliard d'euros et réclame notamment une hausse immédiate des bourses et des aides au logement.

Avec AFP