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Après avoir obtenu la confiance à la Chambre des députés, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, lâché par Matteo Renzi, a obtenu la confiance des sénateurs, mardi. Le vote lui a cependant fait perdre sa majorité absolue.

C'est une victoire en demi-teinte. Les Sénateurs italiens ont accordé, mardi 19 janvier, leur confiance au Premier ministre, Giuseppe Conte, lâché par Matteo Renzi et ses troupes, et donc contraint de trouver une nouvelle majorité en pleine pandémie. Ce vote sur le fil a cependant significativement affaibli son gouvernement de coalition, privé de majorité absolue.

Giuseppe Conte s'est assuré 156 voix contre 140 à la chambre haute, où la majorité absolue est de 161 sièges, à l'issue d'un vote au cours duquel la quinzaine d'élus Viva Italia (IV), le parti de l'ancien Premier ministre Matteo Renzi, se sont abstenus.

Giuseppe Conte avait obtenu, lundi, la confiance à la Chambre des députés, où les deux piliers de sa coalition, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) et le Mouvement 5 Étoiles, disposent de la majorité.

Avant le vote au Sénat, le Premier ministre s'était lancé dans une effrénée chasse aux voix dans les rangs des centristes et des non-inscrits pour tenter de compenser le départ de Matteo Renzi et de sa quinzaine de sénateurs.

La confiance accordé par les sénateurs au Premier ministre était relativement attendue. "Le gouvernement Conte survivra, mais avec une majorité plus réduite, donc avec une faiblesse plus significative au Parlement", avait estimé Giovanni Orsina, politologue à l'université romaine Luiss.

Marge de manœuvre réduite

L'avenir de Giuseppe Conte à la tête de l'exécutif n'est pas menacé à court terme, mais, sans majorité absolue, sa marge de manœuvre se trouve singulièrement réduite, alors que l'Italie affronte sa plus grave récession économique depuis l'après-guerre, conséquence de la pandémie qui a fait plus de 82 000 morts dans la péninsule. "L'avenir du pays dépendra des choix que chacun fera dans ces heures graves", a-t-il mis en garde, lundi, devant les députés.

Le Premier ministre "cherchera dans les semaines à venir à élargir cette majorité, en utilisant par exemple les postes ministériels rendus disponibles" par le départ des ministres du parti de Renzi, analyse Giovanni Orsina. Une perspective encore très hypothétique à ce stade, estime Wolfgango Piccoli, du cabinet de conseil Teneo. "Conte pourrait finir aux commandes d'une majorité extrêmement précaire qui risque de s'effondrer au premier vote qui [la] diviserait", estime-t-il.

La crise gouvernementale en cours a été provoquée par l'ancien Premier ministre Matteo Renzi (2014-2016), qui reproche notamment à Conte la teneur du programme de relance de 222,9 milliards d'euros tirés du méga-plan de 750 milliards d'euros adopté à l'été 2020 par les dirigeants européens et dont l'Italie est la principale bénéficiaire.

Il l'accuse de s'aligner sur le M5S et de "dilapider l'argent public" en accordant des rabais fiscaux et aides ad hoc pour des raisons électoralistes, au lieu de profiter de cette manne pour investir et réformer structurellement. Matteo Renzi se plaint, en outre, de ne pas être écouté par Giuseppe Conte et réclame plus de poids dans son gouvernement.

Avec AFP