La Commission électorale ougandaise a déclaré vainqueur de la présidentielle Yoweri Museveni. Le président sortant l'emporte largement avec 58,6 % des voix contre 34,8 % en faveur de son principal opposant, Bobi Wine, qui depuis plusieurs jours dénonce des fraudes et appelle les Ougandais à rejeter les résultats.
La Commission électorale a annoncé samedi 16 janvier, lors d'une conférence de presse, la victoire du président sortant, Yoweri Museveni, qui se dirige vers un 6ème mandat à la tête de l'Ouganda alors que son principal adversaire, Bobi Wine, avait dénoncé fraudes et violences.
Yoweri Museveni remporterait 5,85 millions de votes soit 58,6 % des voix contre 34,8 % en faveur de Bobi Wine. La participation a été de 57,22 % : environ 10,3 millions d'Ougandais se sont rendus aux urnes pour ce scrutin sous haute surveillance.
Parallèlement, les résultats partiels des législatives organisées le même jour que la présidentielle montraient que la Plateforme de l'Unité nationale (NUP), formation de Bobi Wine, était en passe de devenir le principal parti de l'opposition au Parlement. La NUP remporte notamment huit des neuf circonscriptions de la capitale Kampala.
Le département d'État américain s'est dit samedi "profondément troublé" par les informations faisant état de violences et d'irrégularités. "Le peuple ougandais a participé à des élections nationales multipartites le 14 janvier malgré un environnement d'intimidation et de peur. Nous sommes profondément troublés par les nombreuses informations crédibles faisant état de violence des forces de l'ordre pendant la période pré-électorale et d'irrégularités pendant le scrutin", a écrit la porte-parole Morgan Ortagus dans un communiqué.
"Une mascarade"
Les élections se sont déroulées à l'issue d'une campagne particulièrement violente, marquée par le harcèlement et les arrestations de membres de l'opposition, des agressions contre les médias et la mort d'au moins 54 personnes dans des émeutes après une énième arrestation de Bobi Wine, dont la campagne a été largement entravée au nom des restrictions anti-Covid.
Le scrutin s'est déroulé dans un calme apparent jeudi, mais sous la forte et oppressante présence de policiers anti-émeutes et de militaires, et sur fond de coupure d'internet, entrée samedi dans son 4e jour.
Avant même la proclamation officielle des résultats, Bobi Wine avait dénoncé des fraudes massives - telles que des bourrages d'urnes, des bulletins préremplis, des électeurs n'ayant reçu des bulletins que pour les législatives ou des agressions contre les observateurs de son parti, parfois chassés des bureaux de vote.
Vendredi, il a dénoncé les premiers résultats partiels de la présidentielle : "Ce qui est annoncé est une mascarade complète, nous les rejetons".
35 ans de Museveni
"Nous avons certainement remporté l'élection et nous l'avons largement remportée", a affirmé à la presse l'ancienne star de ragga, 38 ans et aux origines modestes, très populaire au sein de la jeunesse urbaine ougandaise.
Le scrutin a fait l'objet du "pire trucage jamais connu" en Ouganda, a-t-il assuré, promettant de fournir des preuves vidéos une fois l'accès à internet rétabli.
Le président de la Commission électorale Simon Mugenyi Byabakama a rejeté ces accusations de fraude, et demandé à Bobi Wine de "démontrer au pays de quelle manière (...) les résultats sont truqués".
Yoweri Museveni dirige l'Ouganda depuis qu'il a pris le pouvoir à la tête d'un mouvement rebelle en 1986.
D'abord applaudi comme un leader moderne après les horreurs des régimes d'Idi Amin Dada et Milton Obote, il s'est progressivement mué en président autoritaire, écrasant toute opposition.
Son parti hégémonique, le Mouvement de Résistance nationale, a modifié deux fois la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir. En Afrique, seuls Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale et Paul Biya au Cameroun ont passé plus de temps au pouvoir sans interruption.
Les trois quarts des 44 millions d'Ougandais ont moins de 30 ans et n'ont pas connu d'autre président que lui.
Avec Reuters et AFP