Le président français a ouvert, lundi à Paris, un "One Planet Summit" consacré à la biodiversité, avec pour objectif de relancer une diplomatie verte mise à l'arrêt par le Covid-19, pandémie qui illustre précisément les dangers des dérèglements environnementaux.
Dirigeants et acteurs économiques se sont engagés lundi à faire plus pour la biodiversité, dont dépend la survie de l'humanité, lors d'une conférence organisée à Paris, le "One Planet Summit", sans toutefois détailler leurs promesses ni mettre beaucoup plus d'argent sur la table.
Avec ce sommet, tenue en grande partie par visioconférence, la France a souhaité relancer la diplomatie verte, après une année blanche en terme de sommets internationaux. Il a été précédé par une rencontre consacrée à la "grande muraille verte" qui lutte contre la désertification dans onze pays au sud du Sahara.
"Commencer l'année 2021 avec ce One planet summit est très important car c'est l'année de la réconciliation de tous nos défis", a expliqué le président de la République Emmanuel Macron.
La France s'est engagée à protéger au moins 30% de ses espaces terrestres et maritimes d’ici 2022. Pour réussir, ce combat pour notre biodiversité doit être mondial : au #OnePlanetSummit, nous embarquons avec nous 50 États avec cet objectif pour 2030.pic.twitter.com/CEwphPCjYk
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 11, 2021L'année 2021 devrait en effet voir se succéder le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en septembre, la 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15), la COP26 pour le climat (en novembre) et la COP contre la désertification.
La conférence a été consacrée à quatre thèmes : protection des écosystèmes terrestres et marins ; promotion de l'agroécologie ; mobilisation des financements ; lien entre déforestation, préservation des espèces et santé humaine.
Au niveau international, aucun des objectifs fixés pour la décennie écoulée en terme de protection de la biodiversité n'a été atteint, a rappelé Emmanuel Macron.
"Il nous faut regarder en face cet échec, pas du tout pour crier au drame […] juste pour accélérer notre action avec des choses très concrètes et un suivi réaliste de celles-ci", a-t-il rappelé.
Après la crise du Covid-19, qui illustre les dangers des dérèglements environnementaux, "nous ne pouvons pas revenir à l'ancienne normalité", a insisté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
"La conservation de la biodiversité est un défi planétaire qui appelle une réponse mondiale", a renchéri le vice-Premier ministre chinois, Han Zheng, dont le pays accueillera cette année la COP15 sur la biodiversité.
Coalitions
Ce sommet a permis de faire un point sur "la coalition pour la haute ambition", portée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni. Elle compte à présent plus de 50 États engagés pour protéger "au moins 30 % des terres et des océans".
"Pour atteindre une protection de 30 % de l'océan, des aires marines protégées (AMP) devront être établies en haute mer", ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, a réagi la coalition d'ONG High seas alliance.
Une nouvelle coalition, beaucoup plus modeste (de six pays), a été lancée pour la Méditerranée, très polluée et victime de surpêche. La France espère la renforcer d'ici le congrès de l'UICN prévu en septembre à Marseille.
L'épidémie de Covid-19 a mis en lumière les liens entre la destruction de la nature et l'émergence de nouvelles maladies. Pour prévenir de nouvelles épidémies, une initiative nommée Prezode, qui rassemble des instituts de recherche en France (Inrae, Cirad, IRD...), en Asie, en Afrique, en Amérique latine ou encore des universités, a été mise sur pied, a expliqué à l'AFP Philippe Mauguin, président de l'Inrae.
"Le changement climatique doit être vu à présent comme une partie d'un programme global pour protéger la nature", a relevé pour sa part le Premier ministre britannique, Boris Johnson, dont le pays accueillera la COP26 pour le climat en novembre 2021.
Pour l'ONG Avaaz, ce sommet montre que "les dirigeants mondiaux commencent à se réveiller et à réaliser que la perte de biodiversité est une menace pour notre sécurité alimentaire, nous rend vulnérable aux pandémies et minera tout progrès pour stabiliser le climat". Pour autant, protéger 30 % de la Terre "ne va pas assez loin".
Clément Sénéchal de Greenpeace France pointait du doigt sur Twitter des décisions récentes prises par la France, dont la "réintroduction des néonicotinoïdes". La Ligue de protection des oiseaux (LPO) demande d'"interdire la chasse d'espèces menacées"
Plus mordante encore, la jeune militante Greta Thunberg a résumé la journée en trois mots : "bla bla bla…"
Avec AFP