La situation est "sous contrôle" en Centrafrique, a affirmé, dimanche soir, le porte-parole de la force de l'ONU dans le pays après le début d'une offensive de rebelles, tandis qu'une coalition de l'opposition "exige le report des élections" du 27 décembre.
Dimanche 20 décembre au soir, le porte-parole de la force de l'ONU en Centrafrique a assuré à l'AFP que la situation était "sous contrôle" après le début d'une offensive de rebelles, une semaine avant les élections présidentielle et législatives.
Vendredi soir, trois des plus puissants groupes armés qui occupent plus des deux-tiers du pays avaient commencé à progresser sur des axes routiers vitaux pour l'approvisionnement de la capitale Bangui. Ils avaient en outre annoncé leur fusion.
Dans la foulée, le gouvernement avait accusé l'ex-chef de l'État François Bozizé de "tentative de coup d'État" avec une "intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui" en cette période électorale. Le parti de François Bozizé a démenti ces accusations. Les élections présidentielle, avec pour favori le président sortant Faustin-Archange Touadéra, et législatives sont prévues le 27 décembre.
Des soldats rwandais présents en Centrafrique, et servant sous mandat onusien, ont par ailleurs été "pris pour cible par les rebelles", a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi le ministère rwandais de la Défense.
"Le gouvernement rwandais a déployé une force de protection en République centrafricaine, dans le cadre d'un accord bilatéral de défense. Le déploiement est en réponse au ciblage du contingent des Forces de Défense du Rwanda (RDF) sous la force de maintien de la paix de l'ONU par les rebelles soutenus par François Bozizé", indique le ministère dans un communiqué, sans autre détail sur leurs effectifs, leur mission, ou la date de leur déploiement.
Appel du G5+ à déposer les armes
La France, la Russie, les États-Unis, l'Union européenne et la Banque mondiale ont appelé François Bozizé et les groupes armés à déposer les armes.
Ces pays et institutions partenaires de la Centrafrique, membres du G5+, "demandent que Bozizé et les groupes armés alliés déposent immédiatement les armes, s'abstiennent de toute action de déstabilisation et respectent la décision de la Cour constitutionnelle du 3 décembre 2020", ont déclaré les signataires dans un communiqué commun publié dimanche.
La Russie a envoyé "plusieurs centaines" de soldats en Centrafrique et "des équipements lourds" dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale, a annoncé Bangui, lundi.
Selon le porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), Vladimir Monteiro, les rebelles ont été bloqués ou repoussés dans plusieurs localités.
À Yaloké, à 220 km de Bangui, "les groupes armés ont quitté la ville", a-t-il affirmé à l'AFP. Les groupes armés ont également perdu du terrain dans deux autres localités et "la Force a envoyé des Casques bleus à Mbaïki, à 110 km au sud-ouest de Bangui, où il y a eu des affrontements samedi (...), pour bloquer des éléments armés", a-t-il poursuivi, concluant : "la situation est sous contrôle".
Toutefois, des éléments des groupes armés sont toujours présents aux abords de Bossembélé et Bossemptélé, selon des sources sécuritaires et humanitaires.
Une coalition de l'opposition "exige le report des élections"
Arguant du contexte sécuritaire, la Coalition de l'opposition démocratique (COD-2020), dont l'ancien président François Bozizé était le chef de file jusqu'à récemment, "exige le report des élections (...) jusqu'au rétablissement de la paix et de la sécurité".
La coalition, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l'opposition au président sortant, réclame en outre "la convocation sans délai" des "forces vives de la Nation".
Le président sortant a affirmé que les élections se tiendraient bien : ces événements n'empêcheront pas le déroulement du scrutin car "l'Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps", a dit Faustin-Archange Touadéra lors d'un meeting électoral, samedi, à Bangui.
Pour l'élection présidentielle du 27 décembre, François Bozizé avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle. Il faisait figure de principal concurrent au chef de l'État.
Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu'il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'Humanité".
Avec AFP