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Covid-19 : vaccinations prévues fin décembre dans les Ehpad, fin du printemps pour tous les Français

Le Premier ministre Jean Castex a présenté, mercredi, à l'Assemblée nationale, le plan de l'exécutif pour la vaccination des Français. Une campagne qui pourrait débuter fin décembre dans les Ehpad et à la fin du printemps pour l'ensemble de la population.

La stratégie vaccinale se précise en France. Le Premier ministre Jean Castex a présenté, mercredi 16 décembre, à l'Assemblée nationale, le plan de vaccination de l'exécutif qui pourrait finalement débuter dès la fin de l'année. Se voulant rassurant, le chef du gouvernement a dit vouloir inscrire cette campagne dans la “transparence” et la “confiance”.

Surtout, il a développé les différentes phases de la future campagne qui débutera par les Ehpad "dès la dernière semaine de décembre" — après validation de l'Agence européenne des médicaments — pour une durée de "six à huit semaines". Cette première phase concernera un million de Français.

"Il faut d'abord protéger les plus âgés et les plus vulnérables, ce sont eux qui ont payé le plus lourd tribut au virus. La vaccination dans les Ehpad est bien sûr prioritaire puisqu'on a vu ces derniers mois que la propagation du virus pouvait être particulièrement rapide et dévastatrice dans ces lieux fermés", estime auprès de France 24 Michel Goldman, professeur d'immunologie médicale à l'Université libre de Belgique.

Deux cents millions de doses livrées en France

Une seconde phase s'adressera début mars aux personnes présentant des facteurs à risques et aux professionnels de santé. Celle-ci concernera 14 millions de personnes. Enfin, la troisième phase de la campagne s'adressera à l'ensemble de la population à partir de la fin du printemps. Une stratégie qui se "tient parfaitement", estime le professeur. "J'ai bon espoir qu'on puisse déjà voir un effet positif du vaccin, une fois que les résidents en Ehpad seront vaccinés. On ne fera plus face à des clusters, comme on en a vu en France ou dernièrement en Allemagne", note le spécialiste. 

En tout, près de 200 millions de doses seront livrées en France, soit une quantité prévue pour 100 millions de personnes "car deux injections sont nécessaires", a rappelé le Premier ministre. "À terme, chacun devra pouvoir se faire vacciner par un professionnel de santé près de chez lui et en qui il a confiance", a insisté le Premier ministre, avant d'ajouter qu'"aucune vaccination y compris dans les établissements n'aura lieu sans que le consentement éclairé ait pu être exprimé". 

"Le virus ne va pas s'arrêter de circuler avec le vaccin"

"Cette campagne de vaccination est un tournant dans la lutte contre la Covid mais soyons clairs, compte tenu du processus progressif, le début de la campagne vaccinale ne va pas marquer la fin de l'épidémie", a-t-il tempéré. À ce titre, les campagnes de tests et les incitations à l'isolement se poursuivront dans les prochains mois.

"Le Premier ministre se montre prudent et je le comprends dans la mesure où il faut que la population conserve les mesures barrières et le port du masque. Le virus ne va pas s'arrêter de circuler avec le vaccin", souligne Michel Goldman.

Si l'arrivée d'un vaccin est porteuse d'espoir, elle génère également de la défiance parmi les Français. Selon un sondage de l'agence sanitaire Santé publique France, seule la moitié (53 %) des personnes interrogés en novembre veut se faire vacciner, contre deux tiers (64 %) en juillet, un chiffre parmi les plus faibles au monde. 

Une méfiance qui s'explique notamment par la rapidité avec laquelle le vaccin s'est développé. "Mais il fallait aller vite", insiste le professeur. "La condition pour venir à bout d'une pandémie est précisément d'aller vite. Nous avons fait du mieux que nous pouvions, compte tenu des connaissances que nous avions. En tant que spécialiste, nous n'aurions jamais imaginé nous retrouver avec deux vaccins d'une telle efficacité en moins d'un an", indique Michel Goldman. Les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna sont efficaces à 95 % et 94,1 %, d'après les derniers essais cliniques. 

"D'autre part, il faut rappeler que les vaccins à ARN sont donnés depuis plus de 10 ans pour combattre notamment le cancer. Ce n'est pas comme si nous ne connaissions pas totalement ce type de vaccin", insiste le professeur, ajoutant qu'"une vaccination est autorisée au terme d'une procédure rigoureuses d'essais et d'évaluations".

"Il reste important de se protéger soi-même"

Si deux Britanniques ont développé des réactions allergiques après avoir reçu une injection du vaccin contre le Covid-19 de Pfizer et BioNTech, le phénomène reste rare et existe pour tous les vaccins, avaient déjà souligné nombre de scientifiques. "Les effets secondaires peuvent survenir sur un très petit nombre de personnes. En aucun cas, cela ne doit remettre en cause la vaccination dans son ensemble", estime Michel Goldman.

"À mesure que nous allons vacciner les personnes vulnérables, nous allons nous rendre compte que les jeunes contractent aussi la maladie, parfois avec de lourds symptômes. Cela va devenir plus visible. Voilà pourquoi, en dehors de cet objectif d'immunité collective et de protéger les autres, il reste aussi important de se protéger soi-même", juge le chercheur.