La phase ultime des pourparlers s'engage avec le Royaume-Uni pour définir les conditions d'un accord de sortie de l'Union européenne. Londres ne semble pas prêt à céder. Le scénario d'un "no deal" apparaît de plus en plus probable.
Le temps file entre les doigts des négociateurs européens. Plus que quatre semaines avant le divorce effectif entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) et un accord post-Brexit n'a toujours pas été trouvé entre les deux parties. Dans l'impasse depuis plusieurs mois, les négociations devraient se poursuivre ce week-end et Londres a envoyé des signaux pessimistes, vendredi 4 décembre, à l'issue des discussions menées jeudi soir.
"Il y a encore des problèmes à surmonter. Le temps est très court, et nous sommes à un moment très difficile dans les négociations", a déclaré vendredi à la presse un porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson. "Ce qui est certain, c'est que nous ne pourrons pas conclure un accord qui ne respecte[rait] pas nos principes fondamentaux sur la souveraineté et la reprise du contrôle", a-t-il ajouté.
“Les Britanniques sont en train de construire le no deal actuellement plutôt que de négocier”, commente Catherine Coron, maître de conférence à Paris-2, interrogée par France 24. Pour la spécialiste du Royaume-Uni, on se dirige vers un "no deal", "compte-tenu de la position des Britanniques qui refusent de changer de point de vue sur des questions essentielles pour l'UE".
“Boris Johnson considère qu'il a été élu pour mener un Brexit plutôt dur à terme. La position de négociation de la Grande-Bretagne ne laisse pas de place pour une négociation”, ajoute Catherine Coron. Le Premier ministre britannique, s'était dit "optimiste" mercredi quant à l'issue des négociations, mais avait prévenu qu'il était prêt à se satisfaire d'un "no deal" le 31 janvier 2021 en cas d'échec.
Des conséquences sur l'ensemble de l'économie européenne
Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, discute depuis des mois avec son homologue britannique, David Frost, des relations futures entre les deux camps. Les négociations achoppent cependant sur trois points principaux : les règles d'une concurrence équitable, le mécanisme de règlement des conflits et au sujet de la pêche. Sur ce dernier point, la France a haussé le ton vendredi, n'excluant pas d'opposer son veto si elle jugeait mauvais un éventuel accord entre Londres et Bruxelles.
La rupture définitive aura lieu le 31 décembre 2020, date à laquelle les Britanniques, qui ont officiellement quitté l'UE le 31 janvier 2020, cesseront d'appliquer les normes européennes. Or, pour qu'un éventuel accord puisse être ratifié dans les temps par les Parlements britannique et européen, les négociations devront absolument se conclure dans les tout prochains jours. Selon Catherine Coron, il pourrait toutefois y avoir des délais compte tenu des confinements ayant cours dans plusieurs pays européens. Cela risque juste de repousser le problème : "Nous allons arriver à un moment où la Grande-Bretagne va devoir finir par assumer sa position dans la négociation".
"Nous sommes tous interdépendants sur le plan économique. L'économie britannique va mal depuis 2016 et nous n'avons pas intérêt à ce que la situation se détériore" avertit la spécialiste. Sans accord pour régir leurs relations, les deux parties échangeront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas. Au risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie.
Avec AFP et Reuters