
La Turquie et l'Arménie s'affrontent, ce mercredi, dans un match sans enjeu de la phase de qualifications à la Coupe du monde 2010. La rencontre intervient quatre jours seulement après l'accord historique signé le 10 octobre entre les deux pays, qui
L'invité de ce Focus est Ara Toranian, directeur de Nouvelles d'Arménie Magazine, et Assia Shihab, correspondante de France 24 en Turquie.
Si l'accord de normalisation entre la Turquie et l'Arménie est ratifié par le Parlement des deux pays, la frontière turco-arménienne pourrait bientôt rouvrir. Cette perspective suscite beaucoup d'espoirs chez ceux qui vivent de part et d'autre, même si de nombreux obstacles demeurent avant que la réconciliation soit définitive. Parmi eux, le douloureux souvenir des massacres d'Arméniens en 1915, considérés par Erevan comme un “genocide”, ce que réfute Ankara.
Gülsen Kepti, 19 ans, vit du côté turc de la frontière. Elle raconte comment, de l'école primaire au lycée, on enseigne les "souffrances que les Arméniens ont infligé aux Turcs" dans les dernières années de l'empire Ottoman. "Sans doute les Arméniens disent-ils l'inverse à leurs enfants, mais nous, nous avons des preuves", poursuit-elle.
Au-delà du fossé historique qui sépare les deux peuples, Gülsen aimerait que la frontière, fermée depuis 1993, rouvre pour que sa région ne soit plus isolée et que le commerce s'y développe.
À Kars, principale ville de la région, voilà bien longtemps que les habitants militent en faveur de cette décision. L'économie de la cité repose essentiellement sur l'agriculture et l'élevage, et le taux de chômage est l'un des plus élevés de Turquie. Certains entrepreneurs ont déjà investis en ville, pariant sur une ouverture prochaine de la frontière. Pays enclavé économiquement asphyxié, l'Arménie serait un marché porteur.
"Pour l'heure, le commerce entre la Turquie et l'Arménie se fait par l'intermédiaire de la Géorgie, alors qu'il y a deux postes frontière ici, prêts à fonctionner", explique Ibrahim Bahtiyaroglu, qui dirige la bourse de commerce de Kars. "Des événements tragiques ont effectivement nuits aux relations entre les deux pays, mais cela s'est passé à l'époque de l'empire Ottoman. Il faut que nos pays règlent leurs problèmes en créant une commission d'historiens plutôt que de punir les habitants de Kars et de la frontière", poursuit celui-ci.
Toutefois, tous les Turcs ne soutiennent pas une réouverture de la frontière turco-arménienne. Au préalable, les nationalistes exigent, par exemple, un réglement de la question du Haut-Karabakh, une enclave d'Azerbaïdjan contrôlée par l'Arménie depuis une guerre sanglante survenue en 1993. Solidaire des Azéris turcophones, ils pensent que la frontière ne doit rouvrir que si les troupes arméniennes évacuent le Haut-Karabakh.