Le gouvernement éthiopien a déclaré, samedi, avoir pris le contrôle de plusieurs villes dans la province dissidente du Tigré. Des avancées militaires invérifiables de manière indépendante, cette région étant quasiment coupée du monde.
Le gouvernement éthiopien a poursuivi, samedi 21 novembre, son offensive militaire pour reprendre la région dissidente du Tigré, restant sourd aux appels internationaux pour la désescalade de ce conflit qui a causé la fuite de dizaines de milliers de personnes et fait craindre un désastre humanitaire.
"Nos forces sont en train d'avancer vers Mekele", la capitale de la région dissidente, a déclaré samedi un média gouvernemental, Ethiopia State of Emergency Fact Check. Mekele est le fief du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui dirige la région.
Prix Nobel de la paix en 2019, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclenché cette opération le 4 novembre contre le TPLF, les accusant de chercher à déstabiliser le gouvernement fédéral et d'avoir attaqué deux bases militaires éthiopiennes dans la région, ce que nient les autorités tigréennes.
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.@antonioguterres salue la nomination par l'UA @CyrilRamaphosa de trois envoyés de haut niveau pour soutenir les efforts visant à résoudre pacifiquement le conflit dans la région du #Tigré en #Éthiopiehttps://t.co/SK4Uc7IFWJ
Selon l'agence gouvernementale, l'armée a par ailleurs pris le contrôle de plusieurs villes au Tigré, dont Aksoum et Adigrat, à quelque 117 kilomètres au nord de Mekele.
Le TPLF a fait état d'un "intense bombardement" d'Adigrat, dans un communiqué, sans indiquer quel camp avait désormais le contrôle de la ville.
Aucune des affirmations de l'un ou l'autre camp ne sont vérifiables de source indépendante, le Tigré étant quasiment coupé du monde.
Dans un communiqué samedi, le Premier ministre éthiopien a salué l'avancée de l'armée : "Nos forces ont désormais pleinement libéré la ville d'Adigrat de la milice du TPLF".
"Besoins humanitaires"
"Ensemble, avec le reste de l'Éthiopie, nous allons faire en sorte de répondre à tous les besoins humanitaires", a-t-il ajouté.
"La sécurité de tous et le bien-être de la population du Tigré est d'une importance primordiale pour le gouvernement fédéral et nous allons faire le nécessaire pour faire prévaloir la stabilité dans la région du Tigré", a-t-il poursuivi.
Jusqu'à présent, le Premier ministre n'a pas répondu aux appels internationaux à la désescalade.
L'Union africaine (UA) a désigné trois anciens présidents comme envoyés spéciaux en Éthiopie pour tenter une médiation, a annoncé vendredi soir le chef de l'État sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui assure actuellement la présidence tournante de l'UA.
Il s'agit de Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, Ellen Johnson-Sirleaf, ancienne présidente du Liberia, et Kgalema Motlanthe, ex président d'Afrique du Sud.
L'UA n'a toutefois pas précisé à quelle date les trois émissaires seraient en mesure de se rendre sur place.
L'agence Ethiopia State of Emergency Fact Check a indiqué que le Premier ministre rencontrerait ces émissaires. Elle a néanmoins contredit Cyril Ramaphosa en indiquant : "Les informations selon lesquelles les envoyés spéciaux se rendront en Éthiopie pour une médiation entre le gouvernement fédéral et les forces criminelles du TPLF sont fausses".
L'ONU demande des corridors humanitaires
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré que "jusqu'à présent, il n'y ait aucun accord des autorités éthiopiennes pour une médiation externe".
L'opération militaire d'Addis Abeba a dépassé les frontières du Tigré, avec au nord des tirs de roquettes du TPLF qui ont visé la capitale de l'Érythrée, Asmara, et au sud-ouest la région d'Amhara.
Après avoir dominé durant quinze ans la lutte armée en Éthiopie contre le régime militaro-marxiste du Derg, renversé en 1991, le TPLF a contrôlé d'une main de fer durant près de trois décennies l'appareil politique et sécuritaire du pays, avant d'être progressivement écarté par Ahmed Abiy depuis qu'il est devenu Premier ministre en 2018.
Aucun bilan précis des combats, qui ont fait au moins des centaines de morts depuis le 4 novembre, n'est disponible de source indépendante.
Mais plus de 36 000 Éthiopiens ont déjà gagné le Soudan, selon la Commission des réfugiés du Soudan.
Antonio Guterres a demandé "l'ouverture de corridors humanitaires" pour venir en aide à la population prise au piège des combats.
Avec AFP