
Alors que Corinne Diacre doit annoncer jeudi sa liste des joueuses retenues pour les qualifications de l'Euro-2022, la capitaine Amandine Henry – non retenue – a critiqué ouvertement la sélectionneuse et ses méthodes managériales.
Ambiance délétère en équipe de France féminine. La capitaine Amandine Henry a adressé une salve de critiques à la sélectionneuse Corinne Diacre dimanche 15 novembre après sa non-sélection. À l'approche de la divulgation de la liste complète pour les prochains rendez-vous des Bleues, les problèmes relationnels entre l'entraîneure et ses joueuses continuent de plomber la situation. La Fédération française de football (FFF) soutient quant à elle toujours Corinne Diacre.
Depuis son intronisation en 2017, la patronne des Bleues s'est brouillée avec la majorité des cadres qui forment à la fois l'ossature de l'Olympique lyonnais et de la sélection française : la gardienne Sarah Bouhaddi (qui s'est mise en retrait depuis l'été), la défenseure Wendie Renard, la milieu Amandine Henry et l'attaquante Eugénie Le Sommer, avec qui elle s'est réconciliée depuis.
????️ "C'est maintenant qu'il faut régler les problèmes, pas dans trois ans (...)"
Les mots forts d'Amandine Henry qui évoque son mal-être en équipe de France et son conflit avec Corinne Diacre pour le #CFC ????️????????
L'entretien en intégralité ▶️ : https://t.co/pMTfZgCRUT pic.twitter.com/hSyXtRzjK8
Les stars multititrées de l'OL, habituées à avoir les coudées franches en club, se heurtent sous le maillot bleu au management jugé brutal de la sélectionneuse, partagées entre des sentiments contradictoires de "joie et crainte" lors des rassemblements, selon Amandine Henry.
Non sélectionnée en octobre, en vertu de "critères sportifs" selon Diacre, la capitaine a été "choquée" par la façon dont elle a été prévenue la veille de la liste : "L'appel a duré quatorze, quinze secondes, je m'en rappellerai toute ma vie", a-t-elle relaté dimanche sur Canal+.
Pour Amandine Henry, il ne s'agit pas seulement d'une fronde des Lyonnaises envers Corinne Diacre : "C'est le ressenti de la majorité de l'équipe, assure la joueuse. Certaines filles n'osent pas parler. Il y a de la crainte. [...] Je les comprends. J'ai 31 ans, je suis capitaine, si je ne parle pas, qui va parler ?"
"Climat très négatif"
L'épisode rappelle celui rapporté par Wendie Renard quand la nouvelle sélectionneuse, en 2017, lui annonce qu'elle lui retire le brassard. "Quatre ans de capitanat balayés en moins de cinq minutes", a raconté la défenseure dans son livre "Mon étoile".
À la sortie de l'ouvrage, en décembre 2019, Diacre a voulu sanctionner la joueuse mais elle s'est heurtée au refus de Noël Le Graët, qui avait jugé ensuite "pas très adroit" de revenir publiquement sur "des faits de vestiaire et du passé". "J'aurais préféré qu'elle ne parle pas de cet épisode. (...) Surtout qu'aujourd'hui, les deux s'entendaient parfaitement bien", assurait alors le président de la FFF auprès de l'AFP.
La gestion de ce conflit larvé n'a semble-t-il pas contribué à l'apaisement des esprits, et la pression est encore montée d'un cran après la sortie médiatique de la capitaine, trois mois après la mise en retrait de la gardienne numéro 1 Bouhaddi (149 sélections), excédée par le "climat très, très négatif" chez les Bleues.
"La situation ne peut pas être pire", soupire Sonia Souid, l'agent de Henry, qui en appelle directement à Le Graët : "Des joueuses importantes, et plusieurs, sont montées au créneau, il ne peut plus faire la politique de l'autruche."
Tant que les résultats sont là, Corinne Diacre ne bougera pas
Avant le choc contre l'Autriche, le 27 novembre en qualification à l'Euro, le président a appelé chaque partie à "faire un effort". "Être en conflit avec les meilleures joueuses de France, ce n'est pas durable", a-t-il affirmé dimanche soir au quotidien L'Équipe.
Le dirigeant breton, après avoir conforté Diacre comme étant "la femme de la situation" au lendemain de l'élimination en quart de finale du Mondial-2019 à domicile face aux États-Unis (2-1), se retranche depuis derrière le bilan sportif de l'ancienne coach de Clermont (L2), invaincue depuis la Coupe du monde.
"Je préfère quelqu'un de rigide qui gagne des matches que quelqu'un de très souriant qui n'en gagne pas", a-t-il martelé dimanche.
En octobre, l'intéressée elle-même rappelait opportunément avoir le "soutien de la fédération". "J'ai des choix à faire, ils ne plaisent peut-être pas, d'autres feraient peut-être différemment. Mais ce rôle, il m'appartient", disait-elle face à la presse, glissant à l'occasion que son poste faisait "des jaloux".
À moins d'une détérioration sur le plan sportif, l'hypothèse d'un limogeage de Diacre, sous contrat jusqu'en 2022, n'apparaît donc pas à l'ordre du jour.
Soucieux de ne pas donner trop de pouvoir à des Lyonnaises qui, en club, peuvent décider de l'avenir de leur entraîneur, Le Graët peut par ailleurs difficilement nommer un nouveau sélectionneur à quatre mois des élections à la FFF, qu'il soit ou non candidat.
Avec AFP