Alors que la Côte d’Ivoire est toujours en proie à des tensions post-électorales, celles-ci ont dégénéré en affrontements intercommunautaires dans la petite ville de M'Batto, entre membres des ethnie Agnis, pro-opposition, et Malinké, pro-Alassane Ouattara. Des images de massacres ont inondé les réseaux sociaux lundi et mardi, avec des rumeurs parlant d’une quarantaine de morts. De nombreuses sont pourtant fausses, rapporte notre correspondant Thaïs Brouck.
La petite ville de M'Batto, dans le centre de la Côte d'Ivoire, est au centre de l'attention nationale, alors que le pays fait toujours face à des tensions post-électorales. Des rumeurs sur les réseaux sociaux parlent d'une quarantaine de morts lors d'affrontements interethniques, quand le bilan officiel n'en rapporte que six.
Les stigmates des affrontements sont toujours visibles à M'Batto. Ils ont opposé les Agnis, une ethnie pro-opposition, et les Malinkés, ethnie du nord du pays plutôt favorable au président Alassane Ouattara, dont la réélection est contestée par l'opposition depuis le scrutin du 31 octobre.
Dans un quartier Agni, les jeunes ont mis en place un comité d'autodéfense et accusent les Malinkés de les avoir agressés en premier. Pourtant, les deux groupes ont toujours vécu en bonne intelligence.
Des images provenant d'autres villes, un bilan gonflé, des fausses informations
Mais les violences de M'Batto sont devenues un enjeu national et ont enflammé la Toile ivoirienne. Sur les réseaux sociaux, certains font état de plusieurs dizaines de morts, de centaines de blessés, de faux rapports de gendarmerie ont été publiés, une vidéo de décapitation a beaucoup circulé… des images provenant en réalité de la ville de Daoukro.
À l'hôpital, le directeur assure que six personnes issues des deux camps sont décédées, et non pas une quarantaine, comme les rumeurs l'affirment.
Selon Lassina Sermé, directeur d'IvoireCheck et spécialiste en vérification de l'information, "l'objectif est bien clair. En le faisant, on sème la panique, on sème le désordre on sème l'inquiétude".
Selon le gouvernement, depuis le mois d'août dernier, au moins 85 personnes ont perdu la vie lors des violences liées à l'élection présidentielle.