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L’économie, la "lueur d’espoir" pour Donald Trump et ses électeurs

Les sondages de sortie des urnes ont démontré que l’élection américaine se jouait, une nouvelle fois, davantage sur la situation économique du pays que sur le Covid-19. Et le président sortant, Donald Trump, semble être celui à qui cela a le plus profité.

"Nous avons déjà gagné", "les résultats de ce soir sont phénoménaux". Comme souvent, Donald Trump exagère un peu. L'issue de l'élection présidentielle américaine du mardi 3 novembre 2020 est loin d'être acquise pour l'un ou l'autre des candidats, et il faudra, probablement, attendre encore des jours, voire des semaines pour connaître le vainqueur définitif.

Mais le président sortant a, effectivement, de quoi se réjouir. L'horizon électoral apparaît beaucoup moins sombre pour le champion du camp républicain que ce qui avait été prévu par la plupart des enquêtes d'opinions.

Le sempiternel "It's the economy, stupid"

L'une des raisons de ce nouveau raté des sondeurs peut se lire en creux dans les entretiens menés à la sortie des urnes par l'institut Edison Research. Seuls deux électeurs sur dix ont affirmé que la pandémie de Covid-19 avait joué le rôle central dans le choix du bulletin à glisser dans l'urne. Le candidat démocrate, Joe Biden, avait pourtant fait des critiques contre la gestion de la crise sanitaire par Donald Trump l'un des principaux axes de sa campagne. 

En revanche, l'économie – thème cher au président sortant – a été décisif pour une personne interrogée sur trois. Elle l'était même pour plus de 80 % des électeurs qui ont reconnu avoir voté Trump. Le sempiternel  "it's the economy, stupid" – en référence à la célèbre phrase lancée en 1992 par le directeur de campagne du démocrate Bill Clinton pour motiver ses troupes à mettre les thèmes économiques en avant pour gagner – aurait-il encore frappé ?

C'est un peu plus compliqué que cela, explique Richard Johnson, spécialiste de la politique américaine à la Queen Mary university de Londres, contacté par France 24. Le Covid-19 reste central dans les esprits des Américains, "mais pas dans sa dimension purement sanitaire qui commençait à lasser les électeurs", estime-t-il. "Ce qui les intéresse, maintenant, c'est de savoir lequel des deux candidats réussira le mieux à sortir le pays de la crise économique engendré par la pandémie", ajoute-t-il.

Sur ce point Donald Trump semble avoir réussi à se montrer aussi convaincant, voire plus, que son adversaire démocrate. Le président sortant a bénéficié d'un sérieux coup de pouce de la part des chiffres de l'emploi en septembre : sur le troisième trimestre de l'année, près de 11 millions d'emplois ont été créés. Une bonne nouvelle que le candidat républicain n'a pas manqué de répéter durant ses derniers meetings de campagne et qui figure, même, en bonne place sur le site de la Maison Blanche, alors même que cette embellie ne tient que très peu à l'action elle-même du gouvernement. 

Donald Trump en marchand de rêve économique

Donald Trump a aussi su tirer le meilleur parti électoral possible de sa contamination au Covid-19, début octobre. Peu après sa rémission, "il a commencé à développer le discours selon lequel il réussirait à remettre le pays sur pied comme il s'était lui-même remis de la maladie", résume Richard Johnson. Cette promesse, qui avait beau ne reposer sur rien de tangible, "apportait un peu d'espoir à des électeurs qui en manquaient cruellement par ailleurs", estime-t-il.

Pour cet expert, cela a contribué à rendre la dernière ligne droite de la campagne de Donald Trump plus percutante que celle de Joe Biden auprès d'une partie de l'électorat. "Il a réussi à développer un message économique optimiste qui résonnait mieux auprès des électeurs que celui de son adversaire", souligne-t-il. Le candidat démocrate a, quant à lui, peiné à faire passer auprès des indécis son idée maîtresse qui était que la mauvaise gestion de la crise sanitaire par l'administration Trump avait aggravé la situation économique du pays.

Le fait qu'en enfilant ses habits de marchand de rêve économique, Donald Trump a visé juste ; et démontre le besoin d'une partie de la population, gravement affectée par la crise sanitaire et économique, de se raccrocher à toute lueur d'espoir – aussi minime soit-elle. Mais le fait que malgré cela, Joe Biden semble toujours être le mieux placé pour remporter la victoire finale prouve à quel point le handicap du président sortant était difficile à surmonter.