Une manifestation sur l’autoroute A7 a fait quatre blessés, mercredi, après une altercation entre des militants pro-Arménie et des automobilistes. Les faits sont survenus à proximité de Vienne, une ville qui a récemment voté une motion demandant au gouvernement français de reconnaître la région séparatiste du Haut-Karabakh.
Quand le conflit dans le Haut-Karabakh s’invite à l’heure de pointe sur l’une des autoroutes les plus fréquentées de France. Des manifestants pro-Arménie, “une trentaine” selon la préfecture de l’Isère, ont brièvement immobilisé la circulation de l’A7 au niveau du péage de Vienne (Isère), mercredi 28 octobre, entraînant une coupure de l’axe autoroutier entre 7 h 30 et 9 h 30, selon Vinci Autoroutes.
L’action “en faveur de la reconnaissance de l’indépendance du Haut-Karabakh” a conduit à “des échauffourées” entre les militants et “des automobilistes”, faisant quatre blessés, dont un à coups de marteau qui a été transporté à l’hôpital de Vienne, précise le communiqué de la préfecture.
Sur les images de la manifestation publiées par Iravaban.net – qui se présente sur sa page Facebook comme un site d’information basé à Erevan, la capitale arménienne –, on peut voir des personnes arborant le drapeau arménien et scandant parfois des slogans comme “Erdogan, terroriste” (à 8’55).
L'Azerbaïdjan, soutenu par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, tente de reprendre le contrôle de la région du Haut-Karabakh située sur son territoire mais peuplée majoritairement d'Arméniens.
Présence de sympathisants turcs ou "rencontre fortuite" ?
D’autres images, repérées sur les réseaux sociaux, montrent une scène d’affrontements entre différentes personnes. La presse locale a mentionné la présence de “membres de la communauté turque” parmi les automobilistes arrêtés sur l’A7 et dans les échauffourées, ce que n’a pas confirmé la préfecture de l’Isère. “Je pense que ça a été une rencontre fortuite avec des gens coincés dans l’embouteillage, et (l’A7) est un axe passant avec tous types de personnes”, confie à France 24 une source policière qui était présente sur place mercredi matin.
Une enquête a été ouverte “du chef de violences avec arme”, a affirmé au Dauphiné Libéré la procureure de la République de Vienne, Audrey Quey. Les investigations ont été confiées à la CRS autoroutière Rhône-Alpes Auvergne, qui a lancé dans l'après-midi un appel à témoins pour retrouver les protagonistes de la manifestation.
Un rassemblement similaire à celui de l’A7 avait déjà eu lieu, le 16 octobre, à la frontière franco-suisse, à la douane française de Bardonnex. Des militants pro-Arménie avaient alors bloqué temporairement l’axe A40 pour demander “une réaction de l’Europe” à la situation dans le Haut-Karabakh, selon Nicolas Avetissian, un porte-parole des manifestants.
Vienne jumelée à la ville arménienne de Goris
Arthur, présent mercredi sur l'A7, a expliqué à l'AFP que ce rassemblement sur l’A7 était motivé par la crainte qu'un "deuxième génocide" soit en train de se produire en Arménie. "On veut que ça s'arrête. On veut la paix", a-t-il dit. "On n'est que trois millions en Arménie et on se bat contre trois pays, la Turquie, l'Azerbaïdjan et la Syrie – sans compter les Israéliens qui fournissent les drones".
Ce rassemblement s’est tenu à proximité de Vienne, qui entretient des liens forts avec la communauté arménienne. La commune iséroise est notamment jumelée depuis 1992 avec Goris. Cette ville arménienne, la dernière avant la frontière entre l’Arménie et le Haut-Karabakh, sert actuellement d’asile pour des milliers de réfugiés qui fuient le conflit dans la région séparatiste.
Par ailleurs, les élus de Vienne ont voté à l’unanimité, lors d’un conseil municipal le 19 octobre, une motion demandant au gouvernement français de reconnaître le Haut-Karabakh, “un gage de sécurité pour ses populations, de stabilité régionale et mondiale”. Une position qui est aussi défendue par la communauté arménienne française pour un territoire majoritairement peuplé d'Arméniens, mais rattaché à l'Azerbaïdjan.