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Manifestations en Biélorussie : l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa appelle à la grève générale

L'opposante biélorusse en exil Svetlana Tikhanovskaïa a appelé, dimanche, à la grève générale à partir de lundi, après de nouvelles manifestations demasse réprimées par la police à Minsk.

L'ultimatum lancé par la cheffe de file de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa a pris fin dimanche soir. L'opposante a donc appelé, dimanche 25 octobre, ses compatriotes à la grève dès lundi, à la suite d'une nouvelle manifestation ayant réuni plus de cent mille personnes à Minsk contre le président Alexandre Loukachenko.

"Le régime a de nouveau montré aux Biélorusses aujourd'hui que la violence est la seule chose dont il est capable", a déclaré Svetlana Tikhanovskaïa sur sa chaîne Telegram. "Par conséquent, demain, 26 octobre, une grève nationale commencera".

Lors de ce onzième dimanche de contestation, des grenades assourdissantes ont été utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les manifestants et des arrestations massives étaient en cours, selon les chaînes Telegram d'opposition montrant des scènes de panique avec de nombreux manifestants en fuite. 

Près de 160 personnes avaient été arrêtées en début de soirée, selon l'ONG de défense des droits humains Vesna.

L'opposition biélorusse exige le départ d'Alexandre Loukachenko, 66 ans, au pouvoir depuis 1994, depuis l'élection présidentielle jugée frauduleuse du 9 août 2020. Le mouvement de contestation subit depuis une pression constante des autorités, qui a abouti à la détention ou à l'exil à l'étranger de toutes ses principales figures. 

L'opposition demande la libération des "prisonniers politiques"

La figure de proue de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, avait lancé ce mois-ci un ultimatum à Alexandre Loukachenko, lui donnant jusqu'à ce dimanche pour se retirer, sans quoi elle appellerait à une manifestation monstre et une grève générale.

Dans son ultimatum fixé au 25 octobre, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a dû fuir le pays après les élections d'août, a aussi réclamé la fin des pressions policières et la libération de tous les "prisonniers politiques".

L'opposition a affirmé que le scrutin avait été faussé par la fraude et Svetlana Tikhanovskaïa a revendiqué la victoire de l'élection. Depuis la Lituanie où elle s'est réfugiée, et forte du soutien de plusieurs leaders occidentaux, elle appelle a de nouvelles élections.

Lors d'une visite à Copenhague, vendredi, où elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères danois, Jeppe Kofod, elle a appelé à un nouveau scrutin "le plus tôt possible". Dans un communiqué, elle a ensuite indiqué qu'une date devait être fixée d'ici à la fin de l'année.

"Je sais que beaucoup de gens ont peur de perdre leur emploi", a-t-elle déclaré à l'AFP au sujet de l'appel à la grève. "Nous n'organisons pas les grèves, ce sont les gens qui décident eux-mêmes s'ils sont prêts ou pas". Lors de précédentes grèves, notamment dans les entreprises publiques, les grévistes ont subi d'importantes pressions.

Au cours de précédentes grèves, notamment dans les entreprises publiques, les grévistes ont subi d'importantes pressions.

Après avoir mené une brutale répression dans les jours qui ont suivi l'élection, les autorités ont menacé ce mois-ci de tirer à balles réelles pour disperser les manifestants "si nécessaire". Mais des dizaines de milliers de manifestants ont continué de se réunir malgré tout dans l'ensemble du pays, et la traditionnelle marche de femmes contre le pouvoir en a rassemblé plusieurs centaines dans Minsk samedi, l'ONG Vesna rapportant plusieurs arrestations. 

L'opposition affaiblie mais soutenue par l'Union européenne

Toutes les figures de l'opposition biélorusse sont aujourd'hui détenues ou en exil à l'étranger. Depuis le début de la contestation, la répression a fait au moins trois morts et des dizaines de blessés.

Le Parlement européen a décerné cette semaine le prix Sakharov des droits de l'homme à "l'opposition démocratique" en Biélorussie. 

Le président Alexandre Loukachenko n'a lui montré aucune intention de se plier aux revendications de ses détracteurs, au contraire.

S'il jouit du soutien de Moscou, il est sous le coup d'une menace de sanctions de l'UE, qui a rejeté les résultats de l'élection du 9 août et a déjà sanctionné 40 responsables du régime, dont le ministre de l'Intérieur et son adjoint.

Samedi, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a appelé Alexandre Loukachenko à remettre en liberté un conseiller politique américain, arrêté en Biélorussie avant l'élection et inculpé par les autorités biélorusses d'organisation d'actions violant l'ordre public.

Avec AFP