Le Soudan et Israël ont convenu de normaliser leurs relations, sous l'égide du président américain Donald Trump. Ce rapprochement historique, visant à mettre fin à des décennies d'hostilités entre Khartoum et l'État hébreu, a été salué par de nombreux dirigeants, mais a également été critiqué par l'autorité palestinienne et l'Iran.
Le Soudan et Israël ont accepté vendredi 24 octobre d'entamer la normalisation de leurs relations diplomatiques au terme d'une médiation américaine. Le président américain Donald Trump a obtenu cet accord lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le chef du gouvernement soudanais, Abdalla Hamdok, et le président du Conseil de transition, Abdel Fattah al Bourhan. Le Soudan est le troisième pays arabe depuis août à annoncer une normalisation de ses relations avec Israël, après les Émirats arabes unis et Bahreïn.
Cette annonce a suscité de nombreuses réactions à travers le monde. Les États-Unis qui ont œuvré pour ce rapprochement s'en sont bien entendu félicités. "IMMENSE victoire pour les États-Unis et pour la paix dans le monde. Le Soudan a accepté un accord de paix et de normalisation avec Israël!", a ainsi tweeté Donald Trump. Il a affirmé "qu'au moins cinq" pays arabes supplémentaires comptaient emboîter le pas de Khartoum, lors d'un entretien téléphonique avec les Premiers ministres du Soudan et d'Israël, peu après l'annonce. "Et nous en aurons beaucoup plus que ça bientôt", a-t-il ajouté.
HUGE win today for the United States and for peace in the world. Sudan has agreed to a peace and normalization agreement with Israel! With the United Arab Emirates and Bahrain, that’s THREE Arab countries to have done so in only a matter of weeks. More will follow! pic.twitter.com/UHB8H6oaZc
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 23, 2020Les félicitations de l'Égypte
Alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié de "formidable revirement" l'évolution des relations diplomatiques avec le Soudan, la présidence palestinienne a de son côté condamné et rejeté l'accord "avec le pays d'occupation israélien qui usurpe la terre palestinienne". "Personne n'a le droit de parler au nom du peuple palestinien et de la cause palestinienne", a-t-elle poursuivi.
Hazem Qassem, porte-parole officiel du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, a également vivement critiqué ce rapprochement, le qualifiant de "péché politique qui nuit au peuple palestinien et à sa juste cause et nuit aussi à l'intérêt national du Soudan". "Il ne bénéficie qu'à Netanyahu", a-t-il conclu.
En Égypte, le président Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays a été le premier de la région à nouer des relations diplomatiques avec l'État hébreu en 1979, a en revanche "salué les efforts conjoints des États-Unis, du Soudan et d'Israël concernant la normalisation des relations entre le Soudan et Israël". "J'apprécie tous les efforts visant à parvenir à la stabilité et à la paix dans la région", a-t-il tweeté.
ارحب بالجهود المشتركة للولايات المتحدة الامريكية والسودان واسرائيل حول تطبيع العلاقات بين السودان واسرائيل واثمن كافة الجهود الهادفة لتحقيق الاستقرار والسلام الإقليميين
— Abdelfattah Elsisi (@AlsisiOfficial) October 23, 2020Les critiques de l'Iran
Le Bahreïn, qui a signé en septembre un accord de normalisation avec Israël, a aussi félicité les deux pays pour cette "étape historique", dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères. Manama a réitéré son soutien au Soudan "dans ses efforts incessants pour la transition vers un nouveau stade de développement, de progrès et de prospérité, et afin d'exercer un rôle actif et constructif dans la communauté internationale".
Les Émirats arabes unis, qui ont également normalisé leurs relations avec Israël cet été, ont aussi applaudi la décision du Soudan de nouer des liens avec l'État hébreu. "La décision du Soudan d'établir des relations avec Israël est une étape importante pour la consolidation de la sécurité et de la prospérité dans la région", selon le ministère des Affaires étrangères cité par l'agence de presse officielle émiratie.
Enfin, ennemi juré d'Israël et des États-Unis, Téhéran a fustigé la décision annoncée par Washington. "L'annonce de la Maison Blanche sur le Soudan est on ne peut plus symbolique. Versez suffisamment de rançon, fermez les yeux sur les crimes contre les Palestiniens et vous serez retirés de la soi-disant liste noire du "terrorisme". La liste est aussi bidon que la lutte des États-Unis contre le terrorisme. Honteux !", a tweeté le ministère des Affaires étrangères iranien.
The White House announcement on #Sudan couldn't be more symbolic.
Pay enough ransom, close your eyes on the crimes against Palestinians, then you'll be taken off the so-called "terrorism" blacklist.
Obviously the list is as phony as the U.S. fight against terrorism. Shameful!
Avec AFP et Reuters