
La ville de Gandja, en Azerbaïdjan, a été touchée par un missile samedi, quelques heures après des bombardements sur Stepanakert, la capitale de la région séparatiste du Haut-Karabakh. Washington et Paris insistent sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu.
Un missile a touché samedi 17 octobre une zone résidentielle et fait des victimes dans la deuxième ville d'Azerbaïdjan, Gandja, marquant une escalade dans le conflit au Haut-Karabakh.
Pour sa part, Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh, a été bombardée de nombreuses fois depuis la reprise des hostilités entre forces séparatistes soutenues par Erevan et soldats azerbaïdjanais, le 27 septembre. Les bombardements l'ont quasiment vidée de ses habitants. Aucun bilan officiel n'était disponible.
Cette poussée de violence mine les efforts internationaux visant à calmer les hostilités qui opposent les Arméniens chrétiens aux Azéris musulmans et qui impliquent des puissances régionales comme la Russie et la Turquie.
Le chef du Pentagone Mark Esper et la ministre française des Armées Florence Parly ont discuté vendredi de la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu. Les États-Unis et la France sont depuis 1994 des pays médiateurs dans le conflit, au côté de la Russie, dans le cadre du groupe dit de Minsk.
Maisons détruites
À Gandja, des journalistes de l'AFP ont vu des maisons détruites par le missile qui a frappé vers 3h, heure locale. Des habitants en larmes fuyaient les lieux, certains en pyjamas et pantoufles. "On dormait. Les enfants regardaient la télé", raconte Rubaba Zhafarova, 65 ans, devant sa maison détruite. "Toutes les maisons autour ont été détruites. Beaucoup de personnes sont sous les décombres. Certains sont morts, d'autres sont blessés", se lamente-t-elle.
Des dizaines de secouristes cherchaient dans la nuit des survivants, les mains nues, dans les décombres. Après quelques heures de recherches, une équipe a déposé dans une ambulance des housses mortuaires noires, dont une avec une tête et un bras. Ultérieurement, des journalistes de l'AFP ont vu trois personnes portées sur des civières mais il n'était pas clair si elles étaient mortes ou vivantes. "Ma femme était là-bas, ma femme était là-bas", criait un homme conduit vers une ambulance par un infirmier.
Selon des résidents, plus de 20 personnes habitaient la zone atteinte. Un habitant a dit avoir vu un enfant, deux femmes et quatre hommes retirés des décombres. "Une femme a perdu ses jambes. Quelqu'un d'autre a perdu un bras", a dit Elmir Shirinzaday, 26 ans. Hikmat Hajiyev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, a dit dans un tweet que "selon les premières informations, plus de vingt maisons ont été détruites".
Un responsable azéri a dit qu'un deuxième missile a simultanément frappé une zone industrielle de Gandja, mais n'a pas donné davantage de précisions. Ville de plus de 300 000 habitants, Gandja avait déjà été frappée dimanche par un missile qui avait fait dix morts.
Explosion à Mingecevir
Des journalistes de l'AFP dans la ville voisine de Mingecevir, à une heure de route au nord de Gandja, ont indiqué avoir entendu une puissante explosion qui a secoué l'immeuble dans lequel ils se trouvaient, à peu près à la même heure.
Mingecevir est protégé par un système antimissiles car il abrite une digue stratégique. Il n'était pas clair si des missiles avaient été détruits en vol ou s'ils avaient touché la ville. Le ministère azéri de la Défense s'est borné à dire que Mingecevir a fait l'objet d'une "attaque" sans fournir davantage de détails.
Depuis la conclusion d'une trêve "humanitaire" signée le 10 octobre à Moscou, censée permettre d'échanger les corps des soldats morts et des prisonniers, la situation était restée calme à Stepanakert jusqu'à jeudi et de nouveaux bombardements.
Ailleurs sur le front, les combats ont continué, l'Azerbaïdjan et l'Arménie s'accusant mutuellement de violer le cessez-le-feu et de viser des zones civiles. Les soldats azerbaïdjanais ont avancé au Nord et au Sud de la ligne de front, prenant position au Karabakh et dans deux districts qui étaient sous contrôle arménien depuis la fin d'une précédente guerre en 1994.
Avec AFP