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Attentat avorté de Villejuif : Sid Ahmed Ghlam jugé devant la cour d’assises spéciale de Paris

Accusé d'avoir projeté un attentat contre une église en avril 2015 à Villejuif et d'avoir tué une femme de 32 ans, l'étudiant algérien Sid Ahmed Ghlam est jugé à partir de lundi à Paris avec neuf autres protagonistes, dont deux par défaut. Retour sur cette affaire et ses nombreuses zones d’ombre.

Un projet d’attaque terroriste visant une église, quelques mois après les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher en janvier 2015. Lundi 5 octobre s’ouvre à Paris le procès de Sid Ahmed Ghlam, 29 ans, suspecté d’avoir voulu massacrer les fidèles d'une église de Villejuif.

Il se déroule alors que se poursuit le procès des attentats de janvier 2015 et avant celui de l'attaque du Thalys prévu à la mi-novembre.

Sid Ahmed Ghlam, détenu depuis 2015, comparaît devant les assises pour "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Neuf autres protagonistes, dont deux sont présumés morts en zone irako-syrienne, ont aussi été renvoyés devant la cour d'assises spéciale, présidée par Xavière Siméoni.

Une église de Villejuif dans le viseur

Sid Ahmed Ghlam est notamment accusé d'avoir voulu attaquer le 19 avril 2015 une église de Villejuif à l'heure de la messe dominicale, quelques mois après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Le dimanche 19 avril 2015, le jeune homme blessé par balle à la jambe appelle le Samu, prétextant être la victime d’un règlement de comptes. Lors des perquisitions menées à son domicile et dans son véhicule, les policiers découvrent un véritable arsenal ; quatre fusils d’assaut kalachnikov, des munitions, des gilets par balle, ainsi que des brassards de police et un gyrophare. L’analyse de ses communications révèle qu’il avait reçu des instructions pour commettre une attaque visant une église.

S’il reconnaît le projet d’attentat terroriste, Sid Ahmed Ghlam affirme y avoir renoncé et avoir appelé les secours après s'être tiré volontairement une balle dans la jambe. Il avait, dans un premier temps, affirmé s’être blessé en tentant de se débarrasser de ses armes qu’il voulait jeter dans la Seine. Un récit qualifié alors de "fantaisiste" par les enquêteurs.

Accusé du meurtre d’Aurélie Châtelain

Lors de l’interpellation du jeune homme, la police fait vite le lien avec le meurtre d’une jeune femme tuée par balle, le même jour, Aurélie Châtelain. Cette professeure de fitness de 32 ans et mère d'une petite fille de 4 ans, a été retrouvée morte dans son véhicule sur un parking de Villejuif.

Selon la version de Sid Ahmed Ghlam, la jeune femme a été tuée accidentellement par un mystérieux complice, dont il est le seul à évoquer l'existence.

L'enquête a cependant établi que la même arme avait tué Aurélie Châtelain et transpercé la jambe de Sid Ahmed Ghlam.

"Le coup mortel ayant atteint Aurélie Châtelain ne pouvait résulter d'un tir accidentel", ont estimé les experts ayant effectué les examens médico-balistiques. Quant à la blessure de l'accusé, "la thèse selon laquelle Sid Ahmed Ghlam se serait tiré volontairement une balle dans la jambe apparaît d'autant moins crédible à l'analyse du comportement qu'il a observé avant de contacter les services du Samu", ont conclu les enquêteurs. En clair, l'accusé se serait blessé accidentellement en manipulant son arme.

"Ensorcelé" par l'organisation État islamique

Sid Ahmed Ghlam n’avait pas de casier judiciaire, mais il était fiché S pour radicalisation islamiste et visé par un mandat d'arrêt en Algérie. Au cours de l'enquête, cet ancien étudiant en informatique a affirmé avoir été "ensorcelé" au cours de plusieurs séjours en Turquie, et a reconnu avoir été téléguidé par l'organisation État islamique (EI). Les policiers, de leur côté, ont décrypté ses échanges avec deux donneurs d'ordre de l'EI, "Abou Mouthana" et "Amirouche", qui lui avaient donné pour instruction de trouver "une bonne église avec du monde".

Les enquêteurs pensent que derrière ces noms, se cachent deux vétérans du jihad, visés depuis avril 2017 par des mandats d'arrêt : Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), et Samir Nouad, un Algérien ayant rejoint l'EI.

Même s'ils sont présumés morts en zone irako-syrienne, ces deux hommes comptent parmi les dix accusés et sont renvoyés pour "complicité d'assassinat et de tentative d'assassinat" par instructions et "association de malfaiteurs criminelle".

Les autres accusés, dont cinq comparaîtront détenus, sont soupçonnés d'avoir fourni du matériel et/ou des armes à Sid Ahmed Ghlam. Deux des accusés, sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres devant la cour d'assises.

Le procès, qui s'ouvre aujourd'hui devant la cour d'assises spéciale de Paris, devrait durer jusqu'au 6 novembre.

Avec AFP