La Turquie et l'Arménie doivent signer, ce samedi à Zurich, un accord prévoyant l'ouverture de leur frontière et l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, en froid en raison de leur différend sur le "génocide" arménien.
REUTERS - La Turquie et l’Arménie doivent signer samedi un accord de paix mettant fin à un siècle d’hostilités découlant des massacres d’Arméniens perpétrés par les forces de l’empire ottoman lors de la Première guerre mondiale.
Cet accord doit être paraphé à Zurich par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, le Turc Ahmet Davutoglu et l’Arménien Edward Nalbandian, et doit encore être ratifié par les parlements turc et arménien.
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Les Etats-Unis et l’Union européenne ont pesé pour parvenir à la conclusion de cet accord obtenu sous médiation suisse. La secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton et d’autres dignitaires assisteront à cette cérémonie symbolique.
Dans chacun des deux Etats, une frange nationaliste de la population exprime son opposition à ce rapprochement tandis que l’influente diaspora arménienne continue de réclamer que les massacres de 1,5 million de personnes en 1915 et 1916 soient reconnus comme un génocide par la Turquie.
Cette question du génocide, considérée encore récemment comme taboue en Turquie, a toujours pesé sur les relations entre Ankara et ses alliés américains, Washington souhaitant depuis des années une loi reconnaissant la nature de ces massacres.
Suivant les accords, Turquie et Arménie mettront en place une commission internationale d’historiens pour étudier les événements de cette période.
La Turquie et l'Arménie
« Cela est le signe que la Turquie est en train de changer, qu’elle s’attaque à des aspects de son passé et qu’elle est devenue un partenaire précieux pour l’Occident », a commenté Hugh Pope, expert et auteur de deux ouvrages sur la Turquie.
« Ne pas avoir de relations avec l’Arménie est un frein au rôle que la Turquie peut jouer dans le Caucase », ajoute Pope, précisant que cet accord jouera en faveur de la candidature d’Ankara pour adhérer à l’Union européenne.
Le rétablissement de relations avec l’Arménie va permettre aux Turcs de consolider leur influence dans cette région du sud du Caucase, couloir de passage pour le pétrole et le gaz à destination de l’Europe.
Malgré tout, ce rapprochement entre les deux pays voisins reste dépendant du conflit entre l’Azerbaïdjan, allié musulman de la Turquie, et l’Arménie chrétienne à propos de la région du Haut-Karabakh.
Les discussions qui ont eu lieu vendredi entre le président azerbaïjanais Ilham Aliev et son homologue arménien n’ont marqué aucun progrès sur la question de cette enclave montagneuse où les séparatistes sont soutenus par l’Arménie.
La Turquie avait rompu ses relations et fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993 en signe de solidarité avec l’Azerbaïdjan.
Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a affirmé cette année devant le parlement qu’il n’entendait pas rouvrir ses frontières avec l’Arménie tant qu’Erevan n’aurait pas mis fin à ce qu’il qualifiait d’occupation de l’Azerbaïdjan.
Il a précisé vendredi que son pays « ne prendra jamais part à un processus qui mettrait l’Azerbaïdjan dans une situation difficile”.