
Des enchères fructueuses pour l’État. L'attribution des premières fréquences 5G aux opérateurs français a rapporté 2,786 milliards d'euros, a annoncé jeudi l'Arcep, le régulateur des télécoms. Alors que l’arrivée de la cinquième génération de téléphonie mobile suscite des critiques, le gouvernement se dit prêt à répondre aux "interrogations" citoyennes.
L'État français a empoché 2,786 milliards d'euros lors des enchères pour l'attribution des premières fréquences 5G. Parmi les quatre opérateurs en compétition, Orange a tiré son épingle du jeu, remportant la majeure part des fréquences.
Initialement prévues en avril mais repoussées en raison de la pandémie de Covid-19, ces enchères ont permis aux opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) d'acquérir 11 "blocs" de fréquences aujourd'hui inutilisés, ouvrant la voie aux premières commercialisations de services 5G dans certaines villes françaises à la fin de l'année.
Avant ces enchères, les quatre opérateurs avaient déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans la bande de fréquences allant de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz) sur le spectre électromagnétique, au prix fixe de 350 millions d'euros.
Un opérateur ne pouvait pas, au total, acquérir plus de 100 MHz. Et c'est Orange qui a remporté la majeure part des fréquences avec au final 90 MHz de spectre, contre 80 MHz pour SFR, et 70 MHz chacun pour Bouygues Telecom et Free.
Cette enchère principale sera suivie d'une enchère de positionnement "courant octobre" permettant aux opérateurs de choisir s'ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibles d'interférences avec d'autres services.
"Avec 90 MHz de spectre 5G, Orange sera en mesure de conforter son leadership dans les réseaux mobiles et développera un réseau 5G performant, gage d'attractivité et de compétitivité pour la France", s'est félicité Stéphane Richard, PDG d'Orange, cité dans un communiqué.
Une technologie controversée
"Ce sont des enchères fructueuses. Il faut saluer un engagement très fort des quatre opérateurs qui confirment leur volonté d'investir fortement en France.", a déclaré Sébastien Soriano, président de l'Arcep, lors d'un point presse organisé pour l'occasion au siège d'Ericsson France, à Massy, près de Paris.
"C'est un chiffre important", s'est félicité Cédric O, secrétaire d'État au numérique, également présent chez Ericsson France, l'un des principaux équipementiers télécoms mondiaux, pour l'annonce du résultat.
La 5G suscite toutefois l'hostilité d'une partie de l'opinion, de responsables politiques et d'ONG, qui remettent en question l'intérêt de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques pour la santé ou l'environnement.
Au point d'avoir suscité un débat enflammé au sein de la classe politique depuis l'appel à un moratoire de l'attribution des fréquences par près de 70 élus de gauche et écologistes mi-septembre, et la réponse cinglante d'Emmanuel Macron qui avait ironisé sur "le modèle Amish" préféré par les adversaires de la 5G.
"Après un certain nombre d'échanges dans la société", le président de l'Arcep a lancé un "appel au dialogue", affirmant vouloir travailler "main dans la main" avec les opérateurs et les élus pour déployer le réseau 5G sur tout le territoire.
Première mesures en octobre
"Le gouvernement entend les interrogations et comprend les demandes de réassurance" sur les questions sanitaires et environnementales, a renchéri Cédric O, qui présentera, le 8 octobre, "des premières mesures" concernant la consommation énergétique des antennes de téléphonie mobile, avant le lancement à venir d'"un plan de contrôle" sur l'exposition aux ondes 5G.
Concernant le dialogue avec les collectivités locales, il a promis que les élus seraient "systématiquement" prévenus de l'arrivée d'une antenne 5G à travers la création d'un "comité spécifique", dont la première réunion se tiendra le 22 octobre.
"La 5G est une technologie importante dans le cadre de la stratégie de relance" du gouvernement, a t-il encore martelé, rappelant le retard de la France dans le déploiement de la nouvelle génération de réseau mobile, déjà lancée dans "30 pays dans le monde", notamment par les grands voisins européens (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne).
La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'Internet mobile et les usages vidéo. À terme, la 5G doit offrir des débits plus importants et connecter tout ce qui ne peut l'être actuellement.
Avec AFP