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L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques du Caucase, se vouent une haine tenace depuis des décennies du fait d'un conflit territorial. Coup de projecteur sur deux voisins que tout oppose et qui s'affrontent encore depuis dimanche dans des combats meurtriers.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent la région du Haut-Karabakh depuis près de cent ans. Au cœur des relations délétères entre Erevan et Bakou, cette enclave à majorité arménienne, rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par les autorités soviétiques, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, avec le soutien de l'Arménie.

S'en suit une guerre qui fera 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés. En dépit d'un cessez-le-feu signé en 1994 et une médiation russo-américano-française baptisée Groupe de Minsk, les accrochages armés y restent fréquents.

Avant les affrontements qui ont débuté dimanche 27 septembre, faisant au moins 95 morts selon le dernier bilan publié lundi soir, les combats récents les plus importants remontent à avril 2016. Près de 110 personnes avaient alors été tuées lors de la résurgence de ce conflit. 

Deux systèmes politiques que tout oppose

L'Arménie, pays chrétien depuis le IVe siècle, a vécu une histoire tumultueuse depuis son indépendance en 1991. Cet État pauvre et enclavé a connu sont lot de révoltes et répressions meurtrières, ainsi que des scrutins très contestés, sur fond de dérives clientéliste et autoritaire par ses différents dirigeants.

Au printemps 2018, une révolution pacifique a porté au pouvoir l'actuel Premier ministre Nikol Pachinian. Ce dernier conduit des réformes largement saluées pour démocratiser les institutions et déraciner la corruption.

L'Azerbaïdjan, quant à lui est une terre chiite, situé sur les rives de la mer Caspienne. Le pays est sous le contrôle d'une seule famille depuis 1993. Heydar Aliev, un ancien général du KGB soviétique, a dirigé cet État d'une main de fer jusqu'à octobre 2003, passant le pouvoir à son fils Ilham, quelques semaines avant de mourir.

Comme son père, Ilham Aliev n'a laissé émerger aucune opposition. En 2017, il a fait de sa femme Mehriban la première vice-présidente du pays.

Quand la Russie et la Turquie s'en mêlent

La Turquie, qui a des ambitions géostratégiques dans le Caucase et l'Asie centrale ex-soviétiques, a fait de l'Azerbaïdjan, pays turcophone riche en hydrocarbures, son principal allié de la région. Cette amitié se nourrit largement de leur aversion commune pour l'Arménie. Logiquement, Ankara soutient Bakou dans sa volonté de reprendre le Nagorny-Karabakh.

Les Arméniens entretiennent aussi une hostilité désormais séculaire à l'égard de la Turquie du fait du génocide de quelque 1,5 million des leurs par l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale. La Turquie récuse ce terme et continue de parler de "massacres réciproques".

La grande puissance régionale reste cependant la Russie, qui entretient des relations plus étroites avec l'Arménie qu'avec l'Azerbaïdjan mais vend des armes aux deux. Erevan est un allié : le pays a rejoint des alliances politiques, économiques et militaires dominées par Moscou, notamment l'Organisation du traité de sécurité collective.

L'Arménie a d'autant plus besoin d'un grand frère russe que son ennemi azerbaïdjanais est bien plus riche, et a multiplié ses dépenses militaires.

Le Haut-Karabakh pris en étau entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan

Kim Kardashian ou le pétrole de Bakou : une guerre d'influence 

L'Azerbaïdjan, grâce à sa manne pétrolière, a entrepris ces dernières années de se faire connaître dans le monde, en Occident en particulier, au-delà de sa réputation d'autoritarisme et de népotisme.

Bakou a notamment investi dans le sponsoring, en particulier dans le football et pour l'Euro-2020, reporté depuis pour cause d'épidémie de coronavirus. Le pays tente aussi de s'imposer en Europe comme une alternative aux hydrocarbures russes.

L'Arménie a, elle, comme atout pour sa notoriété une vaste et influente diaspora, héritiers des réfugiés des répressions ottomanes. La star mondiale de la téléréalité Kim Kardashian, le chanteur Charles Aznavour, la chanteuse et actrice Cher ou encore le champion du monde français de football Youri Djorkaeff. Tous ont en commun des origines arméniennes.

Certains se sont faits ambassadeurs officieux de Erevan, comme Kim Kardashian sur le génocide, ou Charles Aznavour qui leva des fonds pour aider l'Arménie après le séisme dévastateur de 1988. 

Avec AFP