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Covid-19 : un nouveau modèle scientifique prédit les pics de contamination en Europe

Une équipe de chercheurs a mis au point un modèle inédit, rendu public mercredi 23 septembre, afin de prévoir la vitesse de propagation du Covid-19 à l’échelle pour chaque pays.

Branle-bas de combat. Bruxelles a enjoint, jeudi 24 septembre, les pays européens à durcir leurs mesures de contrôle "immédiatement" face à la propagation du Covid-19, afin d’éviter une seconde vague de la pandémie. Olivier Véran, le ministre français de la Santé, n’avait pas attendu cet appel puisqu'il avait annoncé, la veille, des nouvelles restrictions pour maîtriser le rebond des contaminations sur le territoire national.

Si la course contre la montre et le Sars-Cov-2 est bien lancée sur le Vieux continent, une équipe de scientifiques s’est attelée à modéliser la trajectoire à venir de la propagation du virus en Europe. Leurs simulations, parues mercredi 23 septembre dans la revue Scientific reports de Nature, prévoient que tous les pays européens auront atteint le pic des contaminations du cycle actuel au plus tard en janvier 2021.

Un modèle emprunté à la physique des particules

En France, il ne faudrait pas attendre trop longtemps puisque ce pic serait atteint début octobre. Au Royaume-Uni, le nombre de nouvelles contaminations continuerait à augmenter jusqu’à la mi-novembre. Enfin, la Pologne et la Suède, qui misent sur l’immunité collective pour combattre le virus, devraient patienter jusqu’au début de l’année prochaine. 

Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de scientifiques, emmenée par le physicien du CNRS Giacomo Cacciapaglia, a adopté une approche inédite pour simuler l’évolution temporelle de l’épidémie : la physique des particules. Les chercheurs ont, en effet, appliqué une équation utilisée pour prédire les interactions entre ces minuscules éléments physiques à la trajectoire du Sars-cov-2. “Nous avions constaté qu’en appliquant ce modèle, nous obtenions un résultat conforme à ce qui s’est produit durant la première vague et nous avons donc voulu le tester pour essayer d’anticiper ce qui pourrait se produire”, explique Giacomo Cacciapaglia, contacté par France 24.

L’avantage de cette méthode réside dans sa simplicité. Par rapport aux modèles mathématiques utilisés traditionnellement en épidémiologie, “il y a bien moins de paramètres à intégrer dans l’équation pour effectuer les simulations”, souligne le physicien du CNRS. En l'occurrence, les chercheurs n’ont retenu que le nombre total d’infections au Covid-19 dans chaque pays et les déplacements à l’intérieur d’un territoire et entre les États européens de mars à juillet 2020. Pas la peine de prendre en compte des facteurs comme la distanciation sociale, le nombre moyen de personnes par foyer ou d’autres critères qui peuvent se retrouver dans certains modèles.

C’est cette simplicité qui a permis de construire des projections au niveau européen. En effet, “plus on intègre de paramètres, plus il y a de variations possibles dans chaque territoire, ce qui rend difficile les modélisations à grande échelle”, précise Giacomo Cacciapaglia.

Finlande et Italie s’en sortent mieux que dans le modèle

Revers de la médaille : ce modèle, du fait de sa simplicité, permet seulement "de maîtriser un seul aspect de l'épidémie, c'est-à-dire la vitesse de diffusion du virus", tient à souligner le chercheur. Il ne donne pas d'indication sur l’ampleur de l'épidémie [c’est-à-dire le nombre précis de cas, NDLR] ou le taux de mortalité”.

Ces scientifiques sont aussi partis du principe que les mêmes mesures utilisées durant la première vague sont appliquées pour contenir le rebond des infections (distanciation sociale, limite de rassemblement, quarantaine etc.).

Malgré cette simplicité apparente, le modèle a déjà commencé à démontrer sa pertinence. Les projections de l’équipe, qui s’est mise au travail dès juin, concernaient déjà la période estivale et se sont révélées “conformes, dans les grandes lignes” à la réalité du terrain.

Certains pays s’en sont même mieux sortis pour l’instant que ce qui avait été prédit par le modèle. En Finlande et en l’Italie, par exemple, le virus semble, pour l'instant, avoir gagné du terrain moins vite que prévu. “Une explication possible est que les mesures décidées par les autorités [depuis cet été, NDLR] ont été plus efficaces que ce qui avait été fait durant la première vague, et la population s’est aussi montrée plus prudente”, juge Giacomo Cacciapaglia. Dans d’autres cas, comme en France, “le virus se propage légèrement plus vite que ce que nous anticipions d’après nos calculs”, remarque le chercheur.

Des premières observations qui confirment l’importance de la distanciation sociale et de mesures de contrôle aux frontières dans la lutte contre la propagation du Covid-19. Pour Giacomo Cacciapaglia, le modèle - si sa pertinence venait à se confirmer - pourra aussi se montrer utile à l’avenir afin d’anticiper d’autres éventuels rebonds ou nouvelle vague. Mais c’est aussi le type même de modélisation qu’on espère n’avoir pas à ressortir trop souvent des tiroirs.