Lassana Bathily, le héros de l'Hyper Cacher qui avait dissimulé des otages dans la chambre froide lors de l'attaque contre l'épicerie juive, a appelé mardi, lors de son témoignage au procès des attentats de janvier 2015, les "juifs" et "musulmans" à ne pas "se laisser diviser" par les terroristes.
L'ex-otage de l'Hyper Cacher, Lassana Bathily, salué pour son comportement lors de l'attaque contre l'épicerie, a appelé, mardi 22 septembre, les "juifs" et "musulmans" à ne pas "se laisser diviser" par les terroristes.
"Les terroristes sont là pour nous diviser, créer la haine entre les populations, entre les religions", a déclaré le jeune homme d'origine malienne et de confession musulmane, au quinzième jour du procès des attentats de janvier 2015 devant la cour d'assises spéciale de Paris.
"Les musulmans, les juifs, ce sont des frères (...) On a besoin de vivre ensemble, de se connaître", a insisté cet ancien employé de l'Hyper Cacher, avant de rendre hommage à son collègue juif Yohan Cohen, assassiné lors de l'attentat : "Pour moi, c'était plus qu'un ami, c'était un frère".
"Ça passe ou ça casse"
Le 9 janvier 2015, Lassana Bathily se trouvait dans le sous-sol de l'épicerie de la porte de Vincennes, lorsque le jihadiste Amédy Coulibaly avait fait irruption dans le magasin et tiré avec sa kalachnikov sur Yohan Cohen, puis sur des clients.
Lorsque les coups de feu ont retenti, "ça a été la panique", a raconté mardi le jeune homme, arrivé en France en 2006. "Tout le monde posait des questions, les gens cherchaient des portes, des issues de secours... C'était stressant".
Pour éviter que le terroriste ne les découvre, Lassana Bathily décide d'ouvrir la porte de la chambre froide et de débrancher le système de réfrigération. Puis il propose aux otages restés à ses côtés de fuir par le monte-charge.
Par crainte d'être repérés à cause du bruit ou bien de tomber nez à nez à l'extérieur avec d'autres terroristes, ces derniers déclinent. Lassana Bathily, lui, décide de prendre le risque. "Je me suis dit, 'ça passe ou ça casse'", explique-t-il.
"On est des humains avant tout"
Arrivé dans la rue, Lassana Bathily se retrouve face aux policiers. "Ils m'ont pris pour un terroriste", raconte celui qui dit avoir dû "se coucher au sol" : "Ils m'ont passé des menottes, puis m'ont gardé pendant une heure et demi dans une voiture". Un "quiproquo", a reconnu lundi un enquêteur.
Finalement identifié comme l'un des employés de l'épicerie, Lassana Bathily a pu décrire aux policiers la configuration des lieux et leur expliquer comment utiliser les clés du rideau automatique. Des précisions décisives en vue de l'assaut du RAID et de la BRI, donné vers 17H00.
Lassana Bathily, qui a obtenu après les attentats la nationalité française puis un poste de fonctionnaire à la mairie de Paris, où il encadre des jeunes, insiste de son côté sur le message de "paix" qu'il fait passer depuis le drame.
"La religion, c'est quelque chose de privé. Avant d'être juif, musulman, chrétien, athée, on est des humains avant tout", a-t-il conclut.
Avec AFP