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Présidentielle 2022 : Xavier Bertrand, un candidat à prendre au sérieux ?

Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a fait un pas de plus, le week-end dernier, vers une candidature à l'élection présidentielle de 2022. Mais le chemin est encore long avant que celle-ci ne se concrétise.

Le moment a été soigneusement choisi. À l'heure de la rentrée politique et alors qu'il se murmure de plus en plus fortement que François Baroin devrait renoncer à représenter le parti Les Républicains à la présidentielle de 2022, Xavier Bertrand en a profité pour avancer ses propres pions. Il ne s'agit pas encore de déclaration de candidature formelle, mais les mots employés dans deux interviews, le week-end dernier, par le président de la région Hauts-de-France laissent peu de place au doute.

"Je suis plus déterminé que jamais, a-t-il affirmé samedi dans Le Parisien. Je suis le représentant d'une droite sociale, populaire, capable de rassembler, et qui refusera toujours le moindre compromis avec l'extrême droite."

"Ne jouons pas autour des mots. Vous m'invitez aussi parce que vous savez ma détermination à être candidat. Donc je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt", a-t-il ajouté, dimanche, sur Europe 1.

Ma droite est sociale, populaire, elle ne laisse pas les plus fragiles au bord de la route. Les premiers de cordées, la théorie du ruissellement, ce n’est pas la France ! Ce n’est pas notre modèle républicain ! #LeGrandRDV pic.twitter.com/kgWPGhWnJB

— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) September 20, 2020

Au-delà de la confirmation de ses intentions, ce sont les signaux envoyés à la droite et les piques lancés en direction d'Emmanuel Macron qu'il faut retenir. Alors que Xavier Bertrand a quitté Les Républicains (LR) en décembre 2017, au lendemain de l'accession de Laurent Wauquiez à la tête du parti, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy a insisté : "Ma famille politique, c'est la droite".

Mais parvenir à rassembler au sein de LR ne sera pas si simple. "Peut-on avoir un candidat qui a quitté le parti ?", interroge Annie Genevard, première vice-présidente des Républicains, contactée par France 24. "Je ne suis pas fermée à cette hypothèse, mais il existe des obstacles sur ce chemin. C'est une question à laquelle nous devrons répondre collectivement."

"Xavier Bertrand peut incarner une candidature crédible"

Certains chez LR voient en effet d'un mauvais œil l'option Xavier Bertrand. "La trahison, chez les gaullistes, ça ne passe pas. Beaucoup de cadres et de militants lui en veulent d'être parti avec fracas. La politique, c'est aussi une affaire de comportement", souligne une autre élue LR de poids, contactée par France 24.

Reste que les dirigeants du parti auront à cœur de choisir pour 2022 un candidat capable de séduire au-delà du cercle restreint des adhérents LR. Si François Baroin ne se présente finalement pas, vers qui se tourner ? Ils n'ont pas le luxe d'écarter du revers de la main la probable candidature de Xavier Bertrand, ou encore celle, possible, de la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui a elle aussi quitté LR.

"On ne peut pas se permettre de faire de la figuration, insiste le patron du groupe LR à l'Assemblée nationale, Damien Abad, contacté par France 24. Or, Xavier Bertrand peut incarner une candidature crédible. Il a l'expertise d'une région, il a su rassembler, il a des idées, il est connecté avec les territoires, il incarne une droite populaire et sociale et il a l'envie d'y aller. C'est positif."

Xavier Bertrand joue beaucoup sur son profil qui lui permettra, pense-t-il, d'exister lors de la prochaine présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Car depuis que le président de la République a fait le choix de se déporter politiquement sur sa droite – une tendance encore accentuée depuis le dernier remaniement gouvernemental avec la mise en avant des thèmes sécuritaire et identitaire – l'espace politique s'est considérablement restreint pour Les Républicains.

L'offensive médiatique du week-end dernier visait donc à souligner sa différence avec le chef de l'État. "Si Emmanuel Macron était de droite, il aurait fait de la sécurité des Français une priorité, il aurait aussi lutté efficacement contre l'immigration illégale", a asséné Xavier Bertrand, qui ne cesse par ailleurs de se présenter en candidat "populaire" quand Emmanuel Macron est selon lui un président "libéral anglo-saxon".

Être réélu dans les Hauts-de-France

S'il est impossible de présager des chances de succès de Xavier Bertrand à un an et demi de la présidentielle, ce dernier est toutefois pris au sérieux par l'entourage d'Emmanuel Macron, qui a pris la peine de réagir rapidement à ses déclarations.

"Énième annonce de candidature de Xavier Bertrand", a minimisé sur Twitter Christophe Castaner, le nouveau chef de file des députés LREM, avant de contre-attaquer : "Mêmes approximations, même arrogance... Rien de nouveau sous le soleil : face aux crises, Xavier Bertrand pense à son destin personnel. Les Hauts-de-France méritent un dirigeant à plein temps, pas un candidat perpétuel."

"Je me demande quelle est cette stratégie qui oublie les engagements pris, qui oublie la région (...) et qui se lance dans une bataille de primaire partisane, il y a là quelque chose de bizarre", a ajouté le président du MoDem et allié du président, François Bayrou.

Le président de la région Hauts-de-France avait en effet assuré abandonner la primaire de la droite, fin 2015, pour se consacrer pleinement à sa région. Il avait également affirmer "mon parti, c'est ma région" au moment de quitter LR en 2017.

Une région qui reste cruciale, y compris pour servir ses ambitions nationales. Car si Xavier Bertrand veut avoir une chance pour la présidentielle de 2022, il se doit auparavant d'assurer sa réélection à la tête des Hauts-de-France en mars 2021. En 2015, il l'avait emporté face à Marine Le Pen grâce au retrait de la gauche. Mais dans six mois, le contexte pourrait être différent avec un risque de triangulaire, voire de quadrangulaire. "Si je gagne cette élection, a-t-il expliqué sur Europe 1, c'est que j'aurai réussi à gagner la confiance de l'électorat populaire." S'il perd, en revanche, il pourra dire adieu à ses rêves de destin national.