
En moins de 50 ans, plus des deux-tiers des populations d'animaux sauvages ont disparu à cause de l'activité humaine, s'alarme le Fonds mondial pour la nature (WWF), dans un rapport dévoilé jeudi. Mais il est encore possible d'arrêter ces pertes massives.
Le déclin des animaux sauvage s'accélère. Le monde a perdu plus des deux-tiers de ses populations d'animaux sauvages en moins de 50 ans, principalement à cause de l'activité humaine, avertit jeudi 10 septembre dans un rapport le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui pointe les dangers de cet effondrement pour l'avenir de l'humanité.
Entre 1970 et 2014, les populations de vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles - ont chuté de 60 % au niveau mondial et de 89 % dans les tropiques, l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, précise le document. Les espèces n’ont jamais décliné à un rythme si rapide, qui est aujourd’hui cent à mille fois supérieur que celui calculé au cours des temps géologiques.
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Depuis 1970, la taille des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68%.
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Un responsable, l’Homme
Agriculture intensive, dégradation des sols, surpêche, dérèglement climatique, pollution plastique : les principales menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biodiversité - la perte et dégradation de leurs habitats et la surexploitation - sont liées aux activités humaines.
"L’impact de l’Homme est aujourd’hui si fort et généralisé qu’il engendre une disparition de la vie sauvage sur Terre, indique le communiqué de presse. À ce jour, seulement un quart des terres ont échappé aux activités humaines. Un chiffre qui devrait chuter à seulement 10 % en 2050 si l’on ne change rien."
En s’attaquant au capital naturel de la planète, l’humanité se met elle-même en danger. La stabilité de notre économie et de notre société dépend de la nature et des services qu’elle nous fournit gratuitement, indique le communiqué. Si l’on devait payer pour de l'air frais, de l’eau potable, pour l’alimentation, le montant serait estimé à 125 mille milliards de dollars par an, soit plus que le PIB mondial (80 mille milliards de dollars/an).
"Nous avons utilisé plusieurs modélisations appliquées à différents scénarios qui explorent une vaste gamme d'actions possibles, explique David Leclère, principal auteur de cette étude. Le scénario de base est que rien ne change et confirme que la poursuite des tendances en matière d'augmentation de la population, de régimes alimentaires, de rendements agricoles et d'efforts de protection (de la nature) conduiront à la poursuite des pertes de biodiversité."
Inverser la tendance
Seule lueur d’espoir, selon le scénario le plus optimiste, "il est encore possible d'arrêter les pertes massives de biodiversité, à condition d'actionner tous les leviers disponibles, notamment la demande d'alimentation humaine", poursuit le scientifique.
Combinées à des efforts pour réduire notre demande future et ses conséquences sur l'utilisation des sols, ces mesures de protection accrues permettraient d'éviter les deux-tiers des pertes de biodiversité à venir, sans augmenter le prix des denrées alimentaires.
Mais si on met en œuvre uniquement des mesures de protection et de restauration accrues, elles ne permettent pas d'aboutir à cette inversion, ni même de réduire de 50 % les pertes futures de biodiversité. Et elles entraîneraient des hausses des prix alimentaires.
"Si nous voulons cette inversion d'ici 2050, notre étude nous dit qu'il faut agir maintenant, conclut David Leclère. Car les rythmes de rétablissement de la biodiversité sont beaucoup plus lents que ceux de sa destruction récente. Et tout retard dans l'action entraînera de nouvelles pertes de biodiversité qui pourraient prendre des décennies à réparer. De plus, certaines pertes sont irréversibles : quand une espèce est éteinte, elle l'est pour toujours. Enfin, une caractéristique de la biodiversité c'est qu'elle a des points de non retour : une fois passés certains seuils, les écosystèmes vont continuer à se dégrader."
Avec AFP