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Donald Trump reconnaît avoir minimisé le Covid-19, pour ne pas créer de panique

Dans une interview réalisé en mars, le président américain, Donald Trump, a ouvertement revendiqué sa volonté de minimiser la menace du Covid-19. Ces propos, révélés dans un livre à paraître le 15 septembre, relancent la polémique sur la gestion chaotique de la crise sanitaire aux États-Unis.

Un aveu renversant de Donald Trump. Le journaliste chevronné Bob Woodward a publié, mercredi 9 septembre, l'enregistrement d'une interview qu'il a réalisée en mars avec le président américain, quelques semaines avant le début de la pandémie de Covid-19.

"J'ai voulu toujours la minimiser", expliquait le président dans un échange téléphonique avec Bob Woodward le 19 mars, retranscrit dans un ouvrage intitulé "Rage". "Je veux toujours la minimiser parce que je ne veux pas créer de panique", ajoutait-il.

Des semaines plus tôt, le 7 février, Donald Trump expliquait au même journaliste combien le Covid-19 était "un truc mortel".

Le livre, qui doit sortir le 15 septembre, s'appuie en particulier sur un total de 18 interviews accordées à Bob Woodward, entre décembre 2019 et juillet 2020, enregistrées avec l'accord de Donald Trump.

Près de 190 000 morts aux États-Unis

Interrogée sur ces propos du président, sa porte-parole, Kayleigh McEnany, a défendu sa gestion de la pandémie et sa communication sur cette dernière. "Le président n'a jamais menti aux Américains sur le Covid", a-t-elle affirmé lors de son point de presse quotidien. "Le président a fait preuve de calme", a-t-elle ajouté.

La gestion de la pandémie, qui a fait plus de 189 000 morts aux États-Unis, vaut à Donald Trump de très vives critiques, de la part de ses adversaires mais aussi de scientifiques et de certains élus de son propre camp.

Il est accusé d'avoir envoyé des signaux contradictoires et confus, mais aussi d'avoir manqué de compassion face aux ravages provoqués par ce virus. Sondage après sondage, une très large majorité d'Américains jugent sévèrement son action sur ce front.   

"Une trahison", pour Joe Biden

À huit semaines de l'élection présidentielle, la publication d'extraits de cet ouvrage rédigé par le célèbre journaliste du Watergate a provoqué une vive réaction du candidat démocrate Joe Biden, qui a dénoncé une "trahison" vis-à-vis du peuple américain.

Pour Joe Biden, le constat est clair : le président a "en connaissance de cause et volontairement menti, pendant des mois sur la menace que représentait le Covid-19" pour les Américains. "Il avait les informations. Il connaissait le danger", a-t-il estimé depuis le Michigan.

De son côté, Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, a estimé que ces échanges démontraient "la faiblesse" du président américain.

"Il n'a pas su répondre au défi", a-t-elle estimé sur la chaîne MSNBC, dénonçant également "son mépris pour la science". "Surtout, ce qui frappe c'est son mépris total pour l'impact (de la pandémie) sur les familles de notre pays", a-t-elle ajouté.

Après avoir longtemps affiché une position ambiguë sur la question du port du masque, le milliardaire républicain est apparu en public avec un masque pour la première fois seulement le 11 juillet. Quelques jours plus tard, il estimait qu'il s'agissait d'un geste "patriotique".

Bob Woodward s'est rendu célèbre à travers le monde pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate qui a contraint Richard Nixon à la démission en août 1974.

Dans un premier livre sur la présidence Trump publié il y a deux ans, Bob Woodward avait dressé le portrait d'un président inculte, colérique et paranoïaque que ses collaborateurs s'efforcent de contrôler pour éviter les pires dérapages.

Éviter la panique

Le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut américain des maladies infectieuses, a jugé que Donald Trump, qu'il a beaucoup côtoyé au sein de la cellule de crise mise en place à la Maison Blanche, était d'abord soucieux d'éviter toute panique.

"Lorsque j'échangeais avec le président, je lui présentais les faits. Souvent, il voulait s'assurer que le pays ne s'affole pas", a-t-il expliqué sur Fox News. "Je ne me souviens pas d'un épisode où il y aurait eu une déformation flagrante des choses dont j'avais parlé avec lui", a-t-il ajouté.

Avec AFP