L'un des quatre derniers compagnons de la Libération, Edgard Tupët-Thomé, est mort, mercredi, à l'âge de 100 ans. Il était un parachutiste de choc au sein des Forces françaises libres, auteur de périlleuses missions contre l'occupant allemand.
La France a perdu l'un de ses grands résistants. Edgard Tupët-Thomé est mort, mercredi 9 septembre, à l'âge de 100 ans. Il faisait partie des quatre derniers compagnons de la Libération encore en vie.
"Le président de la République salue ce résistant de la première heure, qui fut jusqu'à son dernier souffle un homme engagé, prêt à opposer aux mauvais vents de l'Histoire le souffle de l'idéal", a indiqué l'Élysée dans un communiqué.
L’Ordre de la Libération a la grande tristesse de vous faire part de la disparition d'Edgard Tupët-Thomé, Compagnon de la Libération, survenue le 9 septembre 2020 à l'âge de 100 ans. Edgard Tupët-Thomé était grand-croix de la Légion d’honneur. pic.twitter.com/5hJq2KUFyp
— Ordre de la Libération - Invalides (@O2LaLiberation) September 9, 2020Des missions à haut risque
Cet Ardennais avait été parachutiste de choc au sein des Forces françaises libres. Né le 19 avril 1920, Edgard Tupët-Thomé s'était détourné des études de théologie pour s'engager dans l'armée en 1938. Sergent quand la guerre éclate, il prend part aux combats en Lorraine, en Belgique puis à Dunkerque, où il protège l'embarquement des soldats britanniques. Fait prisonnier par les Allemands, il s'évade.
Au lendemain de l'armistice, n'acceptant pas la défaite, il tente en vain de quitter la France pour rejoindre les Forces françaises libres (FFL). Il s'engage finalement dans la Résistance intérieure aux côtés de Roger Warin. Chargé de repérer des terrains d'atterrissage clandestins, il devient l'un des cinq premiers engagés militaires secrets des FFL en France. Envoyé en Grande-Bretagne en 1941, il est affecté à l'état-major particulier du général de Gaulle, sous le pseudonyme de Thomé, et suit une instruction parachutiste.
Chargé d'une mission en France par le Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), il est parachuté le 9 décembre 1941 dans la région de Châteauroux, et se blesse à la tête lors de l'atterrissage. Il repart en Angleterre en mai 1942 pour pouvoir se soigner. En novembre 1942, il part rejoindre le détachement d'instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon. Puis en 1943, il est affecté au détachement des Antilles.
Edgard Tupët-Thomé, Compagnon de la Libération, a rendu son dernier souffle. « Para » de la France Libre, à 20 ans, il combat passionnément pour défendre la liberté. Notre devoir est de faire vivre sa mémoire, avec celle de ceux qui ont combattu pour le triomphe de nos valeurs. pic.twitter.com/MHmvaBnyOG
— Florence Parly (@florence_parly) September 9, 2020Avec le troisième régiment de chasseurs parachutistes (RCP), intégré au Special Air Service (SAS) britannique, il accomplit à partir de l'été 1944 des missions à haut risque en Bretagne, dans le Jura et en Hollande, qui infligent de grosses pertes matérielles et humaines à l'ennemi.
Au cours de sa première mission, dans la région de Daoulas, dans le Finistère, il attaque avec sa section de 12 hommes une Kommandantur forte de 60 soldats allemands, dont 12 seront tués et une quarantaine faits prisonniers.
En 1945, le jeune homme devenu lieutenant démissionne de l'armée. Après un passage par l'École coloniale d'administration, il devient administrateur en Tunisie en janvier 1946. En 1950, il s'installe au Canada avant de revenir en France en 1955 où il reprend des études d'ingénieur puis travaille successivement chez Singer, dans un laboratoire pharmaceutique et chez le constructeur automobile Panhard.
Trois compagnons toujours en vie
Pensionnaire de l'institut national des Invalides, Edgard Tupët-Thomé avait été élevé en janvier 2020 à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'honneur. Seuls trois compagnons de la Libération lui survivent, Daniel Cordier, Hubert Germain et Pierre Simonet, sur les 1 038 distingués par Charles de Gaulle pour leur engagement au sein de la France libre pendant l'Occupation allemande.
Le dernier compagnon qui mourra sera inhumé dans la crypte du Mont-Valérien dans le dernier caveau vide, entre George Brière, matelot au 1er régiment de fusiliers-marins, tué dans les Vosges en novembre 1944, et Alfred Touny ("Colonel Guérin") fusillé en avril 1944, également Compagnon de la Libération.
Avec cette disparition, il ne reste plus que trois Compagnons de la Libération encore en vie : Hubert Germain, Pierre Simonet et Daniel Cordier.⬇️https://t.co/lz5LXoHKCE
— Stéphanie Trouillard (@Stbslam) September 9, 2020Avec AFP