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LVMH a annoncé l'abandon du projet d'acquisition de Tiffany, qui a riposté en attaquant le géant français du luxe devant la justice américaine pour le contraindre à finaliser cetteopération estimée à 16,2 milliards de dollars, soit 13,8 milliards d'euros. 

Tiffany et LVMH, à peine fiancés, déjà divorcés. Le groupe de Bernard Arnault ne s'estime plus "en mesure" de racheter "en l'état" le joaillier américain, qui a riposté en attaquant le groupe français devant la justice aux États-Unis.

Leurs fiançailles avaient fait les gros titres en novembre dernier, lorsque le numéro un mondial du luxe avait annoncé vouloir croquer la prestigieuse marque new-yorkaise pour le montant record de 16,2 milliards de dollars.

Le Drian a averti LVMH des risques liés au rachat de Tiffany

Mais la crise sanitaire est notamment passée par là. Après avoir annoncé fin août qu'ils repoussaient de trois mois, à fin novembre 2020, la date butoir pour boucler leur rapprochement, LVMH a annoncé mercredi 9 septembre qu'il avait décidé de réunir son conseil d'administration, "après une succession d'événements de nature à fragiliser l'opération d'acquisition de la société Tiffany".

LVMH a en particulier fait état "d'une lettre du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian, NDLR) qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les États-Unis, demande au groupe LVMH de différer l'acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021". Cette lettre a été adressée dans le contexte des négociations sur la taxe numérique avec les États-Unis et visait à souligner auprès de LVMH le risque, jusqu'en janvier 2021, de sanctions américaines "avec un impact très lourd dans les secteurs ciblés" comme celui du luxe, a précisé une source auprès de Reuters

"Nous n'avons pas d'autre choix que d'appliquer les termes de cette lettre" qui "s'imposent à LVMH" a ainsi souligné lors d'une conférence de presse le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony. Il a ajouté que LVMH n'était pas satisfait de la façon dont Tiffany avait été géré ces derniers mois, jugeant sa performance "terne".

Le groupe avait auparavant déclaré avoir été informé de la requête de Tiffany de repousser la finalisation du rachat du 24 novembre au 31 décembre.  "Compte tenu de ces éléments, et connaissance prise des premières analyses juridiques menées par les conseils et les équipes de LVMH, le conseil d’administration a (...) acté, qu’en l’état, le groupe LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany", dit-il dans un communiqué.

La justice saisie aux États-Unis

Tiffany, qui a saisi la justice du Delaware, assure pour sa part avoir respecté tous les termes de l'accord annoncé en novembre 2019 mais reproche en revanche au groupe de Bernard Arnault de ne pas avoir honoré ses propres engagements, notamment pour solliciter dans les délais nécessaires les avis des autorités de la concurrence.

Le joaillier accuse aussi LVMH de l'avoir informé avec retard, seulement mardi, de la lettre du Quai d'Orsay datée du 31 août, dont il dit ne pas avoir obtenu de copie.  "Nous pensons que LVMH cherchera à utiliser tous les moyens nécessaires pour tenter d'éviter de conclure la transaction selon les termes convenus", a indiqué Roger Farah, président de Tiffany, cité dans un communiqué.

À la Bourse de Paris, l'action LVMH, orientée à la hausse en début de séance, est passée dans le rouge après les déclarations du groupe et a clôturé en légère baisse de 0,09 % à 404,05 euros. Quant au titre de Tiffany, il a chuté de 11% à Wall Street dans  la foulée de la publication du communiqué de LVMH et perdait  encore 6,95 % vers 19 h 15 GMT.

Avec AFP et Reuters