Son reportage sur une ville italienne face à la vague de Covid-19 lui a valu le prix le plus prestigieux. Le photographe italien Fabio Bucciarelli a remporté samedi le Visa d'or News du festival de photojournalisme Visa pour l'Image.
Une ville italienne à l'épicentre de la pandémie de Covid-19. Le photographe italien Fabio Bucciarelli a remporté, samedi 5 septembre, le prix le plus prestigieux du festival Visa pour l’image.
À Bergame, dans le nord de l'Italie, il a photographié la souffrance des malades dans leurs lits, entourés de soignants en combinaison blanche, des enterrements et des hôpitaux bondés durant les premières semaines de l'épidémie.
"Je ne voulais pas photographier des endroits vides, des gens avec des masques, je voulais entrer dans l'intimité des malades, aller dans leur maison", a expliqué à l'AFP le photojournaliste, "honoré" de recevoir la distinction d'un festival où il se rendait chaque année.
Il a travaillé en immersion, au sein d'une équipe de la Croix-Rouge, vêtu de la même combinaison à capuche que les infirmiers et médecins.
"C'est aussi un travail de mémoire, dit-il, sur ce chapitre de notre histoire. J'ai gardé contact avec certains des malades. Ils ont été courageux". Pour la première fois, les "reporters de guerre habitués à couvrir des conflits loin de chez eux, ont pu travailler dans leur propre pays".
"Sécheresse et déluge en Inde"
Le principal festival de photojournalisme au monde, a également consacré l'Américain Bryan Denton, vainqueur du Visa d'or Magazine : durant six mois, il a saisi en Inde la perturbation du cycle de l'eau par le réchauffement climatique, entre sècheresses et inondations.
Primé pour "Sécheresse et déluge en Inde", ce dernier a été "surpris" qu'un sujet sur le réchauffement climatique soit mis à l'honneur en cette année de pandémie.
"Je suis touché. Le changement climatique, c'est un sujet que je veux photographier depuis longtemps mais jusqu'ici, mes missions m'ont plutôt conduit au Moyen-Orient", a confié à l'AFP ce Californien de 37 ans, blessé en Irak, en 2016, lors de l'offensive de Mossoul.
Comme celui de Fabio Bucciarelli, ce reportage a été publié par le New York Times.
Dans la catégorie reine du Visa d'or News, les photos de Nicolas Asfouri (AFP) des manifestations à Hong Kong et celles de Peter Turnley sur "Le visage humain du Covid-19 à New York", étaient également en lice.
"Édition particulière"
Le directeur du festival avait tenu à ce que ce sujet "plus grave" que le Covid, soit mis en lumière.
"Je pense qu'on viendra à bout de cette épidémie, je ne suis pas sûr qu'il ne soit pas déjà trop tard pour sauver la planète", s'est-il inquiété auprès de l'AFP.
Le Visa d'or de la Presse quotidienne distingue Rosem Morton, une infirmière américaine qui s'est lancée dans la photographie après avoir été violée, une sorte de photo-thérapie, "pour survivre". Ses clichés, publiés par CNN.com, fixent en blanc et noir des images d'un quotidien de déprime, des auto-portraits.
Jadis rétif à la photographie, le journal Le Monde s'est vu décerner, à Perpignan, le Visa d'or de l'information numérique, pour une enquête au long cours, "Féminicides : mécanique d'un crime annoncé", ponctuée de photos de Camille Gharbi.
Le Prix Rémi Ochlik a salué le travail du photographe de l'AFP Anthony Wallace sur la révolte populaire à Hong Kong.
Covid oblige, le festival, s'il a été maintenu, n'a pas connu l'effervescence des 31 éditions précédentes, en l'absence de nombre de professionnels et sans la traditionnelle cérémonie de remise des prix. "C'est une édition particulière qui a eu le mérite d'exister. On avait fait le pari de tenir, on a tenu le pari", a confié M. Leroy à l'AFP.
L'édition, qui se poursuit jusqu'au 27 septembre, met aussi à l'honneur la Turque Sabiha Cimen, récompensée à Perpignan par la Bourse Canon de la femme photojournaliste, afin de compléter son documentaire "Hafizas, les gardiennes du coran".
Avec AFP